Il fallait voir ses yeux exorbités, juste après son titre au Grand Slam d’Antalya, fin mars 2024. De passe-partout, la compétition était devenue clé pour Madeleine Malonga puisqu’elle lui permettait, sur décision de la Fédération, de se démarquer d’Audrey Tcheuméo, avec qui elle était en balance pour le seul et unique ticket français pour les Jeux de Paris 2024 dans la catégorie des -78kg.

Une semaine auparavant, « Tchoumi » terminait 5e du Grand Slam de Tbilissi. « Mado » lui répondait par l’or à Antalya. Ippon à distance en faveur de la combattante de l’Etoile Sportive du Blanc Mesnil.

« J’ai une immense fierté. Parce que l’olympiade a été très difficile. Il y a un an, je savais qu’en ne faisant pas les Mondiaux, pour aller chercher une qualification olympique, il allait falloir que je me lève très très tôt. Et je me suis levée très très tôt. Je me suis entraînée très fort, je me suis remise en question, je me suis battue jusqu’au bout. », lâchait Madeleine Malonga à L’Equipe après avoir arraché son titre.

Et c’est vrai que cette qualification n’aura pas été de tout repos. Depuis son titre de vice championne olympique à Tokyo 2021, vécu comme une déception, contre la Japonaise Shori Hamada (après son titre de championne du monde 2019), « Mado » aura en effet connu des montagnes russes. Vice championne du monde 2021, en bronze aux Mondiaux 2024, mais aussi non sélectionnée pour les Mondiaux 2023, sa trajectoire aura suivi la courbe exactement inverse de celle de sa grande rivale et prédécesseuse Tcheuméo.

Et si Malonga est finalement sortie du lot, elle le doit sans doute à sa plus grande constance, à sa force mentale inoxydable, et à son club du Blanc-Mesnil.

Car contrairement à d’autres athlètes pour lesquels le club est juste une boîte postale, « Mado » se sera aussi appuyée sur son club du 93 pour aller chercher sa sélection pour ses Jeux à domicile. Alternant entre les entraînements fédéraux de l’INSEP et les entraînements de club, un cocon permettant à cette athlète qui ne triche jamais de se ressourcer.

De gros progrès au sol grâce à son club

L’ESBM, Malonga l’a rejoint en 2016 après la fermeture du Paris-Levallois et plus jamais quitté depuis. « C’est une athlète extrêmement facile à entraîner, qui sait ce qu’elle veut », dit d’elle Jean-Pierre Gibert, son entraîneur à l’ESBM depuis un an. Avec ce technicien, Mado a encore pris une autre dimension. « La force mentale, la rapidité, tout ça elle les a. Avec elle, on travaille davantage la liaison debout-sol et les situations au sol où elle a énormément progressé. Elle est douée, très à l’écoute et capte toujours très vite ce qu’on lui demande. » Un bagage utile face à la Portugaise Patricia Sampaio ou la Kenyane Zeddy Cherotich, dont l’une sera la première adversaire de Mado ce jeudi en -78 kg.

Avant le 93, la trajectoire de Mado est celle d’une judoka de haut niveau classique. Découverte des tatamis dès 8 ans dans son Val d’Oise natal après un passage peu concluant par la danse, départ en sport-études à 13 ans pour Amiens et entrée à l’INSEP à 16 ans. A ceci près que « Mado » a, contrairement à d’autres sportifs, besoin d’enrichir sa vie d’athlète par d’autres facettes. Comme ses études d’infirmière à Saint-Maurice (Val-de-Marne), pour lesquelles elle est actuellement en 3e année. « Nous les sportifs, on a tendance à vivre dans un monde un peu à part. Là, j’ai un contact avec des personnes extérieures au judo et ça me fait aussi du bien », nous confiait-elle récemment. Sollicitude envers les autres et tempérament égal, Malonga est en effet dans la vie l’exact opposé de ce qu’elle est sur un tatami. « C’est vrai que je me métamorphose. J’ai besoin de ça pour exister sur le tatami », reconnaît la principale intéressée.

En revanche, on peut être sûr qu’à Paris, on aura droit à la version de « Furious Mado », cheveux en bataille et regard halluciné.

Christophe Lehousse

– 1er combat: Patrica Sampaio (Portugalk) ou Zeddy Cherotich (Kenya) à partir de 10h

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