Sur les marches du Grand Palais, ils et elles sont une dizaine à se retrouver. Florelle a même préparé un beau drapeau tricolore ! Toutes et tous sont venu·e·s soutenir Bopha Kong, qui dispute ce jeudi 29 août ses deuxièmes Jeux paralympiques après ceux de Tokyo. A 43 ans, cet habitant de Pantin a tout gagné : 4 fois champion du monde, 2 fois champion d’Europe… Mais malgré une participation aux Jeux de Tokyo, il lui manque une médaille olympique, « celle qui est plus belle que tout » d’après lui. Sa collègue Sophie explique : « Bopha se dévoue corps et âme à son sport. Depuis 2020, le Département a décidé de le soutenir en l’embauchant en tant qu’ambassadeur sport bien-être. Ses séances font vraiment du bien ! »

Quelques mois avant les Jeux, Bopha Kong expliquait : « Mon travail consiste à élaborer et mettre en œuvre des actions de prévention santé : comment prévenir les pathologies liées à la sédentarité et au travail de bureau, montrer des exercices d’échauffement, d’étirement faciles à réaliser et qui apportent un réel bien-être. Nous avons beaucoup d’autres projets pour le personnel des crèches notamment. Je découvre encore tous les jours avec mes collègues tout le travail du bureau d’Action sociale. C’était tout nouveau pour moi, qui suis un sportif tourné vers ma seule performance ! Mais cela m’intéresse beaucoup, j’aime me sentir utile aux autres. Ce travail m’ouvre des perspectives très intéressantes. »

La médaille paralympique, aujourd’hui ou jamais !

Mais pour l’instant, pas question de sport santé, seule la performance compte ! Et de ce côté, Nathalie est inquiète… « Bopha s’est blessé aux ligaments croisés le 3 août, il n’est pas encore guéri. Après une semaine il marchait, il a recommencé à s’entraîner, mais… Mais lors de son premier combat on a bien vu qu’il n’était pas à son niveau habituel et il a perdu sèchement. Lorsqu’on l’a vu combattre l’an dernier au Grand Prix mondial de Paris Levallois, il était si rapide, si vif ! » Dans les tribunes, ses collègues ont le sourire, prêt·e·s à le soutenir, mais l’inquiétude est présente. Tiffanie raconte : « Bopha, c’est un combattant, il ira au bout, quoiqu’il arrive. Il y a une vingtaine d’années, j’ai eu la chance de l’arbitrer. Le para taekwondo n’existait pas, il combattait contre des valides. Sans jamais se plaindre, et il gagnait ! »

Blessé mais héroïque, Bopha Kong n’a pu réaliser son rêve de médaille paralympique.

C’est le moment ! Nathalie, Florelle, Christel, Nils et les autres ont été les premier·ère·s à lancer des « Allez Bo-pha ! Allez Bo-pha ! » repris en chœur par tout le Grand Palais. Leur collègue et chouchou affronte le Thaïlandais Thanwa Kaenkham dans un match de repêchage pour tenter de remporter une médaille de bronze. Dès le début, on voit qu’il n’est pas à l’aise, toujours en riposte et jamais à l’initiative contrairement à son habitude. Florent est lui aussi pratiquant de taekwondo. Il explique : « En para, les touches sont plus nombreuses qu’en valide car les combattants sont soit amputés des bras comme Bopha, soit avec une incapacité des membres supérieurs. Il leur est difficile de parer les coups de pied au niveau du plastron. »

Courage et combativité

Sur le tapis, les choses se déroulent mal pour Bopha. Le Thaïlandais a trouvé le bon tempo et enchaîne les touches sans que le Français puisse répondre. Pire, mené 11-1, il s’écroule au sol avec un cri. Son genou blessé vient de lâcher à nouveau.

Grand silence dans les tribunes, l’équipe médicale intervient sur le tapis. L’inquiétude se lit dans le regard des collègues :

« – Ça devait arriver…

– Ce n’était pas raisonnable d’y aller blessé … Mais c’est toute sa vie ! »

Après quelques minutes, contre toute attente, Bopha se relève, et reprend le combat ! Pas question pour lui d’abandonner. Il parvient même à marquer deux points de plus, mais perd finalement sur le score sévère de 21-3.

Après la décision, Bopha repart, digne et contenant une grimace, sans que l’on sache ce qu’il l’emporte de la douleur ou de la déception de n’avoir pas pu aller au bout de son rêve olympique.

Sophie, attristée, conclut : « Il a combattu jusqu’au bout. Pour nous, c’est un exemple de résilience, de courage. Dans sa façon de combattre, de ne jamais se résigner, il y a de la poésie. Nous sommes tellement fiers de lui ! »

Georges Makowski