- À la une
- Sport
Jean-Philippe Mateta raconté par ses entraîneurs de Sevran et Drancy
Passé par l’Olympique de Sevran, puis la JA Drancy, l’attaquant des Bleuets en est déjà à 4 buts dans le tournoi olympique et jouera vendredi la finale contre l’Espagne. Tous ses entraîneurs décrivent un garçon attachant, guidé par le travail et doté d’un grand sang-froid devant le but.
« À cette époque-là, Jean-Philippe évoluait déjà au poste d’attaquant, il était technique et marquait beaucoup de buts. Ce qui frappait le plus, c’était déjà sa confiance. Lui, aucune chance que le doute l’attrape… » C’est avec ces mots que Tama Dramé, l’un des premiers entraîneurs de Jean-Philippe Mateta au Sevran FC – à l’époque encore l’Olympique de Sevran – évoque son protégé, alors âgé de 6 ans.
Si la France découvre plus ou moins cet attaquant puissant et débrouillard à l’occasion du tournoi olympique de Paris 2024, il n’en est pas de même pour la Seine-Saint-Denis ni même la région Ile-de-France.
L’école du city-stade
A 27 ans, le meilleur buteur des Bleuets (4 buts) a déjà roulé sa bosse dans plusieurs pays – Mayence en Allemagne et désormais Crystal Palace en Angleterre où il évolue depuis 2021 – mais c’est à Sevran, capitale du foot et du rap selon lui, que tout commence et tout finit. Pas une interview de Mateta sans qu’il n’évoque son quartier des Cités basses et le city stade en bas des « Trois tours » où les « grands » mettaient « les petits » comme lui à rude épreuve. « Si tu voulais jouer avec les grands, il fallait avoir les reins solides. Ils ne faisaient pas de cadeaux et la culture dans le quartier, c’était de vouloir toujours gagner », raconte-il dans une interview de 2021 donnée au magazine de la Ligue Ile-de-France.
Un talent brut et une capacité à endurer que l’Olympique de Sevran, très bon club formateur, s’est ensuite chargé de polir. C’est sous le maillot rouge de l’« Olympique » que le petit (mais déjà costaud) Jean-Philippe connaîtra ses premiers exploits, de la catégorie U6 à U13, avant une brève interruption et un retour au club à l’âge de 14 ans.
Un papa déjà footballeur pro – au Congo puis en Belgique- et une capacité d’apprentissage rapide dissimulée sous une apparente désinvolture constituent une bonne base. Tama Dramé, l’éducateur des débuts de Mateta, se souvient : « La plus grande qualité de Jean-Philippe, c’était son sang-froid. Je me rappelle d’un match à Villepinte dans un derby, il avait 10 ans. Il y avait égalité, et ce jour-là il y a un penalty à tirer à la dernière minute. D’habitude, ce n’était pas lui le tireur, mais Loïc, son cousin, qui était très fort lui aussi. Mais Jean-Philippe me dit qu’il veut tirer. Il prend le ballon et met tranquillement le penalty puis rigole. C’est une action qui le décrit bien, à l’image de ce qu’il fait aujourd’hui en club, toujours détendu, sans pression. »
Zlatan comme joueur préféré
Même son de cloche du côté de la JA Drancy, le club qui aura poursuivi la formation du chasseur de buts à partir de ses 15 ans, pendant 3 saisons. « Jean-Philippe est arrivé au club avec plusieurs joueurs de Sevran. A 15-16 ans, c’était déjà un attaquant très complet : il allait vite, avait un excellent jeu de tête, marquait dans à peu près toutes les positions. Le fait de ne pas avoir été pris par un grand centre de formation ne l’a pas affecté, au contraire, il s’est dit qu’il réussirait sans ça. », se souvient Saloum Coulibaly.
Le coach de Mateta en U15 et U16 n’est donc pas du tout étonné par la solidité que son ancien élève démontre durant ce tournoi olympique. « Son doublé contre l’Egypte (en demi-finale, ndlr) ne m’a pas surpris. Prendre ses responsabilités, ça ne lui a jamais fait peur. » Marc Julien, qui a pris la suite de Saloum Coulibaly chez les U17, se dit même « surpris que Jean-Philippe n’ait pas explosé avant ». « C’est un pur attaquant, qui a vraiment le sens du but. Pour moi, il finira par aller chez les A (l’équipe première des Bleus) c’est sûr. » Point de vue style, le buteur, qui porte chez les Bleuets olympiques le numéro 14 comme un certain Thierry Henry, son actuel sélectionneur, ressemble pourtant plus à Zlatan Ibrahimovic, son joueur préféré.
Et Saloum Coulibaly, devenu par la suite un ami de Mateta, de confier : « Depuis quasiment le début de sa carrière pro, à Lyon (en 2016), on a un petit jeu entre nous. Je lui fixe à chaque fois des objectifs de buts sur une saison. Et franchement, il les remplit à chaque fois. Là, il en est à 4 buts sur le tournoi olympique et je lui ai dit d’aller chercher le 5e. Il va le faire, j’en suis certain. »
Contre l’Espagne, qui a retrouvé la recette depuis son titre cet été à l’Euro, cela serait bienvenu. Une chose est sûre : vendredi sur les coups de 18h, le city stade des Trois tours sera désert à Sevran. Tout le monde, “petits” et “grands”, sera devant l’écran géant de la fan-zone de Sevran, au parc Louis-Armand, pour suivre « JP ».
Christophe Lehousse
Photos: ©Sevran FC et ©JA Drancy
Sur la photo du haut, Jean-Philippe Mateta se trouve à droite en rouge.