Sans détour, Stéphane Nomis, président de la Fédération Française de Judo, a annoncé la couleur en amont de ces Jeux sur Seine : «Le judo tricolore vise dix médailles dont au moins cinq en or…». Avec déjà 5 médailles au compteur à date de mardi 30 juillet, c’est bien parti… Si un athlète veut bien, aujourd’hui, donner raison à son président, c’est bien Aurélien Diesse (-100 kg, sa «caté» depuis deux ans). 

Des médailles dans l’ADN…

Plus grand pourvoyeur de médailles de l’équipe de France olympique aux Jeux de Tokyo en 2021 (10 sur 33 récoltées), le judo comptera, jeudi 1er août, sur Aurélien Diesse pour donner raison à une discipline, citée en exemple dans toute discussion autour du sport quelque soit le thème soulevé : «Chez nous, les médailles sont presque notre ADN», glisse, parfois, Teddy Riner, le chef de cette troupe.

Né à Bondy avec la tête «souvent dans les nuages», grandi à Clichy-sous-Bois, scolarisé à Bondy avec des bonnes notes, un sens aiguisé «de ne jamais rester en place», et, dans les mêmes classes de la primaire de Léo Lagrange partagé avec un certain Mbappé, puis, devenu, à partir de 2016, un homme du Blanc-Mesnil avec la tête dans l’Etoile (Etoile Sport Blanc-Mesnil judo, son club !) , Aurélien Diesse veut sa part de médailles : «Depuis toujours, ma vie, c’est le sport, tourne autour du sport, le pratiquer ou le regarder, les pratiquer tous ou les regarder, les trouvant tous intéressants, au point, d’être tout le temps au sport voire jamais, ce qui est bizarre, à notre époque, sur mon téléphone portable ! Alors, bien sûr, regarder les Jeux à la télé, ça donne des idées, met des étoiles tout plein dans tes yeux, l’envie d’un podium…».

Aurelien Diesse face à la presse au Club France

Titulaire d’un masters en ingénierie et ergonomie, ce lourd représente «une forme de réussite moi qui vient de la cité du Chêne Pointu à Clichy où des scènes du film «Les Misérables» (un film de Ladj Ly) ont été tournées. Je suis fier de montrer que j’en viens et de démontrer que nous pouvons aller loin en se donnant les moyens en bossant dur dans les études et entraînements…».

Redorer le blason du Chêne…

Le misérable qu’il fut, sans relâche, ralenti par des blessures en cascade alors qu’il avait démarré en trompe, vice-champion de France senior encore junior, Aurélien Diesse n’a jamais voulu l’être, dans la réalité. Très pratiquant, il croit en son heure, «à Paris, devant mes proches, je l’espère…». Plus souvent à l’infirmerie que sur les tatamis, ce Bondynois, d’origine camerounaise, est revenu à haut niveau, aux forceps, dans une catégorie très dense, avec du bronze au dernier Grand Slam de Bakou en 2023.

S’il décroche une médaille sur le Champ de Mars, le Blanc-Mesnilois gagnera, aussi, son pari avec le réalisateur Mathieu Kassovitz. Le premier grand rôle de sa vie ? Dans une version, à nouveau, revisitée, des Misérables

En attendant, entre Clarisse Agbégnénou et Teddy Riner, les tauliers du dojo bleu-blanc-rouge, le colosse de l’Etoile, champion d’Europe junior en 2017 (moins 90 kg), va tenter de sortir de l’ombre pour le haut de l’affiche, redorer le blason du Chêne «pour montrer que je viens d’un endroit où le vivre ensemble, aussi, d’ailleurs, incarné par le village olympique des athlètes construit en Seine Saint-Denis, que je viens d’un endroit où on peut bien grandir…».

Trois Diesse aux Jeux

Aux Jeux, les Diesse sont trois engagé·e·s, trois exemples d’une famille en or : lui, ceinture noire ; Auristelle, une de ses sœurs, salariée à la restauration du village olympique des athlètes ; Anselme, son aîné ingénieur, choriste lors de la cérémonie d’ouverture.

A eux trois du 93, les Diesse s’inscrivent dans une histoire en train de s’écrire bien belle. Bientôt dans la liesse ?

Sophie Greuil

Il y a un an, le judoka nous présentait les grandes étapes sur le chemin des Jeux : championnat d’Europe, Grand Slam de Paris 2024… Il sera en lice jeudi 1er août à 10h à l’Arena Champs-de-Mars de Paris.

 

Crédit-photo : Bruno Lévy et @Cnosf/Kmsp

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