Licence olympique

Pas de trêve olympique pour la société Cotton Division, à Pantin. Alors que la plupart des entreprises prennent leurs congés, la moitié de ses salariés a reporté les leurs. Rien d’étonnant, le compte à rebours des JOP arrive à son terme et le leader français dans le développement et la création de produits sous licence s’apprête à vivre un été XXL. Il y a quatre ans, la société décrochait la licence pour les Jeux Olympiques de 2024, devenant ainsi fournisseur officiel des textiles et accessoires siglés JOP. Casquettes, tee-shirts, sweats, ponchos de pluie… mais aussi magnets, mugs, porte-clés, gourdes, et même des boules à neige… sans oublier la mascotte Phryge, remplissent les points de vente sur les différents sites des épreuves, les boutiques de souvenirs dans la capitale, les gares, les hôtels, les centres commerciaux comme Westfield Rosny 2, les offices de tourisme. Ou bien les grands sponsors des jeux les offrent à leurs clients lors de leurs opérations de communication. « Notre activité est multipliée au moins par deux ou trois durant cette période si particulière », avance Sandeep Narayan. Le PDG et fondateur de cette PME d’une trentaine d’employés n’en dira pas plus, secret des affaires oblige. Mais le sourire n’est pas de façade. Le showroom et les différents espaces de stockage sont chargés à ras bord de vêtements et de produits dérivés, prêts à répondre à toute demande de réassort en urgence.

Marvel, Jurassic Park et Paris 2024

Jusqu’à présent, la renommée de Cotton Division reposait sur son catalogue de licences dans le secteur du divertissement. Si vous avez déjà enfilé un sweat Marvel, porté un sac Jurassic Park en bandoulière, vissé sur votre tête une casquette siglée de la NASA ou offert à votre petit neveu un tee-shirt Disney, il y a fort à parier qu’ils proviennent de cette entreprise de Seine-Saint-Denis. « Notre équipe se compose de designers, d’une chaîne de production, d’un service print, et nous travaillons en collaboration avec les acheteurs, commerciaux et usines afin de viser la meilleure qualité fidèle au produit imaginé », explique Mélanie Jacquet, graphiste chargée de la conception des produits dérivés.

Cotton Division dispose d’une unité textile familiale en Inde qui recourt uniquement à des encres 100 % biodégradables, et développe l’utilisation de fibres biologiques. Si elle s’approvisionne largement en Chine pour les accessoires, son investissement à Pantin dans des machines numériques lui permet d’absorber un flux de travail important. L’avantage de posséder sa propre équipe de conception et de développement l’aide à développer des marques et des labels privés.

Acteur européen

Les JOP représentent une nouvelle montée en charge pour cette PME de vêtements créée en 2004 par Sandeep Narayan, entrepreneur parfaitement bilingue d’origine indienne. En quelques années, Cotton Division est devenu un acteur incontournable de l’univers des produits dérivés en France et sur le marché européen. À partir de 2015, elle s’est spécialisée dans la personnalisation de vêtements et accessoires. « Les Jeux confirment notre orientation vers l’univers du sport, où nous sommes entrés en 2023 avec les produits dérivés de la Coupe du Monde de Rugby », précise-t-il.

Son seul regret alors, que l’équipe de France ait été éliminée en quart de finale de sa compétition. Mais Cotton Division a transformé l’essai. C’est comme une prophétie qui se réalise. « J’avais 8 ans en 1980 et j’avais regardé les Jeux Olympiques à la télé avec mon père. Aujourd’hui, je m’apprête à faire la même chose avec mes enfants », dit-il en riant. Oui, mais avec un œil plongé dans le cœur du réacteur.

Frédéric Lombard

Photos : Fatima Jellaoui