Le 25 juillet, vous chantez en première partie de Gazo. Quelle a été votre réaction en l’apprenant ?

J’ai été enchantée. Je l’ai appris par DM (ndr : Direct Message équivaut à un message privé sur les réseaux sociaux) en plus. Quand j’ai su que c’était pour l’ouverture des JO, Coca Cola-music tour tout ça, j’étais aux anges. Gazo, il a une voix extra, c’est de la trap (ndr : un genre de rap), j’aime bien.

Vous allez chanter à La Courneuve, dans le parc départemental Georges-Valbon, un endroit que vous connaissez bien.

En effet, j’y ai tourné mon premier clip Shmoke. En partant m’y promener, j’y ai trouvé un très bel arbre. J’avais envie d’y être pour mon clip et c’est ce que j’ai fait. Et j’en ai tourné un deuxième de l’autre côté du parc : Liouba is great.

Depuis cette annonce, est-ce que vous en rêvez la nuit, ou vous êtes plutôt sereine ?

Un peu les deux, j’ai confiance dans le fait qu’on va Rise (ndr : s’élever en profitant en anglais) de l’opportunité. Et en même temps je suis un peu nerveuse et excitée mais je suis confiante. Je vais chanter entre 8 et 10 titres. Il y aura du rap, il y aura de la pop. Du plus calme et du plus énergique. Moitié des titres qui sont déjà sortis et moitié d’exclusif.


Vous habitez la Seine-Saint-Denis alors…

Depuis 2020, J’ai emménagé au Blanc-Mesnil avec mon mari. Quand j’ai trouvé là-bas, j’étais ravie et depuis on s’est bien installé. On est au pied d’un parc, je suis super bien là-bas. C’est très vivant, j’aime bien.

Qu’est-ce que ça représente pour vous de chanter justement en Seine-Saint-Denis ?

J’ai fait mon premier gros festival à Montreuil, l’année dernière, ça c’était très sympa (ndr Festival Laisse Crâner). Donc là, c’est un peu « le next step » (ndr : la prochaine étape). Entre les deux, j’ai déjà fait plusieurs représentations au Café la Pêche à Montreuil aussi. J’ai beaucoup aimé là-bas. Les gens sont accueillants, ils sont totalement dans la culture hip hop, rap, justement, c’est très vivant. En plus, j’ai fait des concerts qui étaient hostés (ndr : anglicisme organisés) par Driver donc c’était un peu légendaire.

Êtes-vous attachée à la Seine-Saint-Denis ?

J’y serai toujours attachée parce que j’y fais mes premiers souvenirs de carrière, mes premiers souvenirs de vie de jeune fille indépendante, mon premier appartement, mes premiers clips. Beaucoup de première fois ont eu lieu ici même. Je me sens aussi soutenue au final par cet endroit où j’éclos. J’aime ce département, et au-delà de la Seine-Saint-Denis, j’aime Paris et sa région quoi. C’est très riche.

Le 25 juillet, vous chantez à l’occasion des JO. Qu’aimez-vous dans le sport ?

Je trouve fascinante la mentalité des athlètes : leur capacité à être tellement concentré·e·s et focus et que leur vision les amène à transcender leurs capacités physiques. En tant qu’artiste, c’est quelque chose que je cherche à imiter. Pour me préparer mentalement, je médite et je me visualise sur scène pour pouvoir amener toute l’énergie possible et assurer, seule, sur une si grande scène. Je cours aussi dans le parc à côté de chez moi. Je fais des séances de sport à la maison guidées par YouTube. Et puis, je répète ici à la ligne 13 à Saint Denis toutes les semaines.

Vous serez seule sur scène ?

Avec ma DJ, DEHNA, qui fait partie d’un collectif qui s’appelle la Ligue. Et on va tuer ça. Elle organise des soirées, elle fait partie de la vie culturelle hip-hop de Lyon. J’ai aussi commencé à travailler avec une DA (direction artistique) pour ce show : Marie Khane qui fait partie du collectif La famille maraboutage. Elle vient de Marseille, elle est danseuse et m’aide aussi pour les répétitions, la direction scénique.

Vous-même êtes issue d’une famille de saltimbanques ?

Totalement. Mon père est Arthur H et son père, mon grand-père Jacques Higelin. C’est une star quoi, j’adore. J’ai grandi en allant à ses concerts. C’est super en tant qu’enfant de voir ses parents sur scène qui sont en train de s’amuser. Et savoir que c’est du travail aussi. Que c’est une joie de faire ce travail et de tout donner. Donc je continue la tradition. Il y a une discographie et un parcours immense dont je ne peux que m’inspirer. Faire du mieux que je peux pour utiliser cet héritage, dans ce que je construis aussi avec Liouba.

Vous citez d’ailleurs votre père dans vos chansons.

J’ai un père chanteur qui a une carrière accomplie de plusieurs décennies, qui remplit des salles, toujours en tournée. C’est hyper inspirant. Quand je suis née, il faisait déjà de la musique. J’ai fait un TikTok tout à l’heure à ce sujet. Pour moi, ce n’est pas spécial du coup de faire de la musique parce que j’ai toujours vu ça chez lui. Et c’est quelqu’un que j’adore déjà personnellement mais aussi en tant qu’artiste. Je suis très inspirée par son travail et par son dévouement à sa carrière et à son art. Et je trouve qu’il est super fort. Et évidemment c’est comme si je voulais être menuisière et que j’avais un papa menuisier, je lui demanderai des conseils. Là, je vais être chanteuse, j’ai un papa chanteur donc je lui demande son avis, je lui demande de la guidance et il m’en donne. Et c’est très satisfaisant. Le sentiment de boucle bouclée, d’héritage qui continue.

A qui pensez-vous lorsque vous êtes sur scène ?

Si je commence à stresser, je pense justement à mon père ou même à ma grande sœur. Il et elle arrivent sur scène en étant détendu·e·s et présent·e·s. Ils prennent leur temps. Je ne suis pas stressée sur scène mais parfois je suis un peu pressée.

Votre flow est très rapide, en effet. Rappez-vous aussi vite que Eminem ? On vous a mesurée ?

Non, de toutes façons, je pense qu’il n’y a pas beaucoup plus rapide que lui. Et de toutes façons, ce n’est pas mon but d’aller aussi vite. Justement, j’essaie de ralentir.

Envisagez-vous de sortir un jour une version rappée d’une chanson mythique familiale ?

C’est envisageable, oui. Avec mon père, on n’a pas encore fait de collaboration à proprement parler, mais il m’a invité sur scène au Cabaret sauvage et à la Seine musicale. J’ai posé un couplet d’une chanson à moi sur une chanson à lui. C’était super. Il y a eu tellement de bons retours qu’il aimerait qu’on l’enregistre. J’aimerai aussi sampler des morceaux de Jacques ou de mon père. Il y a de quoi choisir, la bibliothèque est très large. Je m’appelle Liouba et pas Liouba Higelin mais je ne le cache pas. Je fais partie de cette famille et je trouve ça génial, j’adore.

Qu’écoutez-vous, en ce moment ?

J’écoute du jazz éthiopien qui me vient de mon père et de ma mère. Mais j’écoute surtout du rap : Little Simz, une rappeuse londonienne, I’MDDB, Missy Elliott, Alpha Wann, Damso, Booba. Kay the Prodigy, une jeune rappeuse française. J’écoute mon père et ma sœur Marcia Higelin.

Quelle est votre actualité ?

J’ai sorti deux titres : Zorro et Stream plus clic. Et je prépare un EP (ndr : mini album) qui va s’appeler « Super » pour la rentrée de septembre-octobre.