Médecins du Monde à Bobigny pendant les J.O.P.

« Notre centre à Saint-Denis se situe à 800 mètres du Stade de France. Et le principal accès est la gare RER de la Plaine Saint-Denis. Notre choix a été de ne pas exposer les personnes qu’on accueille à des risques de contrôle policier dans l’espace public. » explique Guillaume coordinateur à Médecins du Monde à propos de son déménagement estival à Bobigny qui ajoute « On a voulu nous assurer aussi que nos bénévoles puissent rejoindre les lieux sans trop d’encombre ».

Dans les locaux du Cegidd, à Bobigny, ce jeudi après-midi, la salle d’attente est pleine. On vient consulter pour des troubles musculosquelettiques, des douleurs digestives, énormément de psycho traumas liés aux conditions de vie des patient·e·s. « Toute personne quelles que soient ses conditions administratives, de vie peut pousser les portes sans être jugée. On accepte la personne telle qu’elle est, avec la demande qu’elle a. » explique Guillaume qui précise que toute consultation médicale est précédée d’un entretien social.

Ahmed, 45 ans, attend avec son fils dans la salle d’attente. Arrivé en 2015 en France, intérimaire depuis dans le bâtiment, il ne se souvient plus très bien du motif de sa toute première consultation à Médecins du Monde, juste qu’« Ils se sont très bien occupés de moi. Ils m’ont fait l’Aide Médicale d’État (AME). Puis avec mes papiers, la carte de Sécurité sociale. Ils sont magnifiques ! » Il revient pour son fils de 15 ans. Une boîte de Spasfon à la main, le garçon laisse parler son père « On est venu parce qu’il a mal au ventre. On attend pour lui ouvrir des droits à l’AME ». Ahmed sait qu’il est au bon endroit.

 

Mireille, 40 ans, un ticket rouge en main, avec une inscription TROD (tests rapides d’orientation diagnostique) attend son tour pour un dépistage-minute : « Je ne connais personne ici, je dors à la rue. Avec les JO, c’est vraiment compliqué le 115. Il n’y a pas de place… »

Lorsqu’on pense à Médecins du Monde, on a tout de suite en tête l’aide humanitaire. Sa capacité à créer en 48h une clinique mobile pour assurer un accès aux soins dans des endroits de crise dans le monde, comme en Palestine, où ses équipes sont toujours présentes. Depuis 1992 Médecins du Monde a développé le programme « mission banlieue ».

Un partenariat ancien

Depuis 2005, le Département de la Seine-Saint-Denis et Médecins du Monde sont partenaires. Grâce à la convention qu’ils ont signée, les plus précaires peuvent bénéficier de consultations polyvalentes (dépistage tuberculose, IST, VIH hépatites, mise à jour des vaccinations). Près de 200 patient·e·s, pour la plupart des primo arrivant·e·s, sont reçu·e·s à l’année, avec près de 400 consultations réalisées.

Dans les couloirs du CEGIDD de Bobigny, un prénom revient en boucle : Robert. Pour Robert Matra, médecin au Département, qui assure à l’année deux vacations hebdomadaires dans les locaux du CASO (Centre d’Accès aux Soins et Orientation) de Médecins du monde à la Plaine-Saint-Denis, les mardi et jeudi après-midi. « Le dépistage est fondamental pour les personnes primo arrivantes car la population afro-caribéenne est particulièrement fortement touchée par le VIH. Et ce que l’on sait moins c’est que le taux de contamination est très fort dans les premiers mois de présence sur le territoire. Aujourd’hui, plus de la moitié des infections au VIH pour les personnes primo arrivantes se fait une fois qu’elles sont en France ».

 

Depuis la fin de l’année dernière, cette convention de partenariat s’est étendue à un dépistage bucco-dentaire. « Nous accueillons des personnes nouvellement arrivées en France qui n’ont pas encore bénéficié d’un dépistage bucco-dentaire. Nous procédons à des premiers soins et nous orientons ensuite ces personnes vers les PASS (Permanences d’Accès Aux Soins) Salpêtrière ou Delafontaine» explique Laura Sulli, Cheffe de service adjointe, au SPAS (Service de la Prévention et des Actions Sanitaires). Ces six derniers mois, 60 patient·e·s ont ainsi reçu des soins dentaires.

Crédit-photo : Denis Meyer