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Nos athlètes paralympiques s’impatientent avant “le match retour” !
Actuellement en préparation ou en vacances, les Bleus de Seine-Saint-Denis sont "scotchés" par la liesse populaire enveloppant les Jeux olympiques. Dès l’ouverture paralympique, le mercredi 28 août, ce sera à leur tour de nous faire vibrer.
«Franchement, ce qu’il s’est passé pendant ces Jeux Olympiques, c’est tellement incroyable que je n’ai pas de mot», avoue Bopha Kong (43 ans), le taekwondiste de Pantin, agent du Département. «Que ce soit l’ambiance dans les rues, l’effervescence dans les tribunes, les lieux magnifiques comme le Grand Palais pour mon sport, les résultats fabuleux de l’équipe de France toute entière, c’est juste ex-tra-or-di-nai-re ! Aujourd’hui, nous avons tous hâte d’y être…».
ENVOL DES BILLETS POUR LE MATCH RETOUR…
Comme beaucoup, le combattant est sonné par cette ferveur. Comme beaucoup, même dans ses rêves les fous, il ne l’avait pas imaginée ainsi : «Au-delà de la performance des Bleus, montrant que tout est possible, ainsi poussés et portés par un public incroyable, j’ai -tous les jours- entendu parler des Jeux paralympiques. A chaque fois, j’en avais comme des frissons. Pour une fois, bien avant d’avoir commencé, nous nous sentons attendus. En plus, il paraît que la vente des billets s’envole : enfin, c’est fou…».
Sans élan populaire avant le début des Jeux olympiques, la vente des deux millions et demi de billets pour «Les Paras» s’était bloquée à un million trois-cents-mille, même au prix modique de départ de 15 euros.
Mais depuis, la cérémonie olympique d’ouverture et la cascade de médailles dans l’escarcelle tricolore ont retourné la tête des plus dubitatifs et détracteurs. La vente quotidienne des places para a donc été multipliée par cinq. Comme le prédisent les “Paras” en chœur : «Le match retour, ben, il promet… !?».
Du mercredi 28 août au dimanche 08 septembre, 4400 athlètes de 182 pays sont attendus sur les mêmes sites que les valides, du Trocadéro à Roland-Garros en passant par le Club France à la Villette.
TEDDY RINER, SUPPORTER DE KOUAKOU ?!
Actuellement en préparation sur la piste d’Antony (Hauts-de-Seine), le sprinteur Charles-Antoine Kouakou (26 ans) a suivi les épreuves en pointillé. Pendant ses échauffements, lui et son entraîneur branchent le téléphone sur Bluetooth et enceintes pour attraper les échos des exploits tricolores : «Dans la salle de musculation, on entend mieux, dehors un peu moins bien ! Franchement, je suis impatient de vivre ça…», piaffe le sprinteur prêt à prendre le relais.
Au fil de quelques commentaires attrapés à la volée entre deux échauffements, le sprinteur de «Sport Toi Bien 93» a adoré «les frères Lebrun et le tennis de table, le football, la natation avec Léon Marchand, la boxe et surtout Teddy Riner que j’aimerais tant rencontrer à Paris. Non, plus franchement, j’aimerais tant qu’il vienne me voir courir…».
Aujourd’hui, Charles-Antoine Kouakou est impatient d’entrer en piste comme le confirme son entraîneur Vincent Clarico : «Ah, il est à la limite d’être trop pressé. La grande difficulté est de le faire patienter alors qu’il est très en forme. Ah, on a encore trois semaines à tenir, ça ne va pas être simple !? Sa capacité à s’investir est tellement incroyable que je dois être d’une vigilance constante pour qu’il monte en puissance très progressivement. Je dois être créatif dans mes entraînements et bien veiller à sa récupération. Si je ne l’arrête pas, il va jusqu’à l’épuisement, l’usure…».
A PARIS, SE BAIGNER DANS LA LIESSE…
Au quotidien, l’entraîneur s’applique «à cultiver le calme et l’apaisement parce qu’un tel ascenseur émotionnel pompe de l’énergie à un athlète. Je dois le préserver et l’amener à rester con-cen-tré sur SON objectif. Son but n’est pas d’y être figurant mais acteur».
Natif de Saint-Denis, ayant fait ses premiers pas de sprinteur dans les couloirs d’Auguste-Delaune, à l’ombre du Stade de France, avant de ciseler ses foulées de hurdler à l’AS Pierrefitte en 1987, Vincent Clarico (58 ans) piétine, aussi, un brin.
Sélectionné aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996 (5ème en demi-finales sur 110 m haies), entraîneur du relais olympique tricolore masculin bronzé sur 4 x 100 à Londres en 2012, le quadruple champion de France était entraîneur du sport adapté aux Jeux Paralympiques de Rio en 2016.
Aujourd’hui, il espère mener Charles-Antoine Kouakou à un second titre paralympique sur 400 m (catégorie T20) tout en profitant d’une liesse dont il avait rêvé tout haut : «Au départ, j’avais tellement de détracteurs sur ces Jeux qu’ils ont failli me retourner la tête» avoue-t-il. «Mais, dès les premiers moments de la cérémonie d’ouverture, je savais que ce serait énorme. Et nous, on va baigner là-dedans, profiter de cette liesse : dingue, dingue…».
DES “QUE JEUX T’AIME” EN BOUCLE…
Comme leurs collègues valides, les acteurs paralympiques attendent des déclarations d’amour à répétition sur un air d’Hallyday, presque nouvel hymne de ce point d’orgue du sport mondial : «Que ce soit la Marseillaise qui donne des frissons même après un milliard de fois ou cet air, ça nous fait rêver depuis des jours. Vivement que ce soit à nous..!», espère le joueur de cécifoot, Hakim Arezki (41 ans).
En stage terminal trois semaines à Lens avec ses Bleus, le Bondynois vit ses Jeux comme jamais : «Là, nous vivons tous ces moments forts en équipe, parfois le nez plus sur l’écran que dans notre assiette : c’est puissant pour notre collectif, fédérateur, unique».
Dès le 1er septembre contre la Chine dans un tournoi à huit équipes (les meilleures de chaque continent), Hakim Arezki, président du Comité Départemental Handisport du 93, attend tous ses potes de Bondy dans les tribunes, pour l’encourager dans «le p’tit bijou que sera notre terrain au pied de la Tour Eiffel. La première mi-temps a été gagnée par les “Oly” (Olympiques), à nous de gagner la seconde…».
Sophie Greuil
Crédit-photo : Denis Meyer, Sylvain Hitau et Nicolas Moulard