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Prithika Pavade, le ping au naturel
A 19 ans, la surdouée du Saint-Denis tennis de table s’apprête à vivre les 2e Jeux de sa déjà très riche carrière. Avec un objectif pas si irréalisable : une médaille. Ce qui n’est plus arrivé dans le ping français depuis Sydney 2000 et la doublette Jean-Philippe Gatien/Patrick Chila.
On la revoit encore, à 10 ans, pour son premier titre de championne de France, benjamines et minimes puisqu’elle était déjà surclassée. Sous son maillot du Saint-Denis tennis de table, elle avait déjà cette aisance, ces mouvements extrêmement déliés. 9 ans plus tard, Prithika Pavade est n°26 mondiale, elle a derrière elle l’expérience des Jeux de Tokyo et s’avance, sereine, pour ses Jeux à domicile.
Surtout, ce qui apparaissait au départ comme un rêve – une médaille à des Jeux – n’est plus si hypothétique. Certes, les nations asiatiques, et tout particulièrement la Chine, continuent de dominer outrageusement ce sport, mais en par équipes au moins, l’écart semble s’être réduit. En témoigne notamment cette médaille de bronze aux Mondiaux par équipes, remportée par les Françaises en février, « le plus beau souvenir jusqu’ici » dans la carrière de Prithika Pavade qui en compte pourtant déjà quelques-uns : championne de France seniors 2022, championne d’Europe U 21…
A 4 mois des jeux, l’équipe de France, hommes et femmes confondus, paraît avoir eu le déclic et « Prithi », avec les frères Alexis et Félix Lebrun, incarne cette France tout à coup décomplexée face aux nations asiatiques.
Alors, le 27 juillet, sous le toit de la salle de la Porte de Versailles, la petite gauchère pourrait le faire : aller chercher une breloque olympique, du jamais vu depuis la doublette Gatien/Chila à Sydney 2000.
Style offensif
Pour celle qui a fait toute sa carrière en Seine-Saint-Denis, de 7 à 10 ans au club du Bourget avant de changer pour le club de Saint-Denis, ce serait déjà un aboutissement. « Ce serait un rêve, un exploit incroyable », souffle la principale intéressée, avant de très vite redescendre sur terre. Car la jeune femme de 19 ans, qui fêtera d’ailleurs ses 20 ans en plein tournoi olympique, n’est pas du genre à se nourrir de chimères.
« Prithika, c’est un palmarès exceptionnel, doublé d’une jeune femme attachante, qui ne manque jamais de participer aux événements du club. C’est vraiment une fierté pour nous », la décrit Jean-Claude Molet, président du Saint-Denis tennis de table qui a toujours veillé à mettre la joueuse dans les meilleures conditions, comme avec ce pool « Générations 2024 », spécialement créé pour les talents locaux susceptibles de disputer les Jeux à domicile.
Ce qui frappe notamment, c’est la lucidité de la jeune femme pour analyser ses victoires comme ses défaites. Quand on la laisse décrire son jeu, voilà ce que ça donne : « Je dirais que j’ai un style offensif. J’essaie souvent de prendre de vitesse mon adversaire, d’attaquer rapidement les premières balles. Je varie aussi pas mal mes services, mes remises. Je ne suis pas trop endurante, même si j’ai progressé sur cet aspect. »
Qiwen Xiao, son entraîneure à Saint-Denis et ancienne joueuse pro, se dit en tout cas plutôt optimiste : « Elle a encore progressé cette année, spécialement en revers. Si elle a encore un point faible, je dirais que c’est dans la tenue de balle : dans l’échange, elle est un peu moins forte que les Asiatiques. Mais elle peut désormais battre une joueuse comme la n°8 mondiale Qian Tianyi, c’est faisable (contre laquelle elle avait perdu au Grand Slam de Singapour en mars).
Sûr que, si « Prithi » touchait son Graal, défileraient alors dans sa tête toutes ses années de balle blanche : les entraînements au Bourget, près de la maison où ses parents, originaires de Pondichéry, s’étaient établis. Les voyages enrichissants aux quatre coins du globe. Les fous rires avec Audrey Zarif, Camille et Charlotte Lutz, ses copines. Les moments douloureux aussi, comme le décès de son tout premier coach, Nicolas Greiner, en 2020. Mais tout ça viendra si ça doit venir. En attendant, « Prithi » est en mission, concentrée sur l’objectif.
Christophe Lehousse
Photos: ©Franck Rondot