- Célébration
Récit d’une journée historique pour la Seine-Saint-Denis
Une ambiance de folie dans les 21 villes de Seine-Saint-Denis traversées par la Flamme Olympique ces 25 et 26 juillet. Des habitant·e·s de tout âge, venu·e·s en famille, entre ami.e.s pour soutenir les porteu·r·se·s, pour voir la flamme et faire partie de cet événement qui n’arrive qu’une fois dans sa vie. Ils et elles nous ont dit leur enthousiasme, leur joie et leur fierté. Reportage.
« Coumba Diallo! Coumba Diallo! Coumba Diallo! ». Flamme en main, la joueuse de rugby de l’AC Bobigny est acclamée par la foule. Sur le parcours de la flamme, de nombreu·x·ses habitant·e·s de Noisy-le-Grand étaient présent·e·s dès 8 heures ce 25 juillet pour cette première étape en Seine-Saint-Denis, un événement historique. « La flamme passe dans ma ville, on ne la voit qu’une fois dans notre vie, c’était l’occasion» raconte Katia, une habitante de Noisy-le-Grand. Sa voisine ajoute « Comme c’est juste devant notre immeuble, on en profite au maximum. Et puis ça change un peu l’image du quartier. Surtout sur l’avenue du Pavé neuf, il n’y a rien à dire. » Katia tout sourire : « Ça fait très classe d’avoir le nom de sa ville dans les magazines, de voir du monde qui vient d’un peu partout. On est fières, très très fières ! »
A Neuilly-sur-Marne, les habitant·e·s s’étaient habillé·e·s aux couleurs des anneaux olympique pour l’occasion. Tee-shirts bleus sur le pont qui relie Noisy-le-Grand à Neuilly-sur-Marne. Jaunes place de Stalingrad, noirs sur l’avenue de Verdun, robes rouges face à la Ludothèque, et top vert pour finir son parcours dans le Parc des 33 hectares.
A Tremblay-en-France, près de 3000 personnes attendaient les porteu.r.se.s de flamme place de la mairie. Un parcours qui s’est terminé par un majestueux lâché de pigeon. Dans la foule, Denis, 60 ans qui habite Villepinte, colombophile à ses heures, est très content d’avoir participé à cette cérémonie « dans l’ombre » en aidant à cet envol qu’il regarde avec des yeux d’enfant…
Breakdance à Bagnolet, samba à Bobigny
A Bagnolet, le célèbre Sydney est sur scène, micro en main, comme à la grande époque de l’émission télé H.I.P. H.O.P. pour accueillir le groupe de breakdancers porteurs de flamme. Le public est nombreux à profiter du spectacle.
Le long du canal de l’Ourcq, entre Sevran et Bobigny, la fête bat son plein. Musique et danse brésilienne et ambiance de folie au passage de la flamme. Celles et ceux qui sont venu.e.s acclamer la flamme attendent l’arrivée du bateau de croisière Pierre Simon-Girard qui l’emportera.
A Sevran, Latifa, 56 ans est venue assister au passage de la Flamme olympique à Sevran avec son amie Nadia : « C’était super de voir tous les habitants réunis pour cet évènement festif ! Il y avait du monde, de l’ambiance, de la joie et de la bonne humeur et ça s’est passé dans un des plus beaux endroits de la ville : le Canal de l’Ourcq ! Que la fête commence ! »
“Moussa, Moussa, Moussa”
A Aulnay-sous-Bois, on entend le public crier : « Moussa, Moussa, Moussa » quand il·elle·s reconnaissent le porteur de flamme Moussa Kebe. Éloïse, une vingtaine d’années se sent chanceuse de vivre l’arrivée de la flamme en Seine-Saint-Denis : « j’étais à Bondy, il y avait beaucoup d’ambiance. C’est un souvenir qui ne s’oubliera pas. C’est une fois tous les 100 ans, et j’ai eu la chance d’y assister. » Pour Rafael, 13 ans qui habite à Pavillons-sous-Bois la réalité dépasse l’écran : « je voyais des vidéos de la flamme sur Internet avec de l’ambiance. Je voulais voir à quoi ça ressemblait en vrai. Et là, je ne suis pas déçu, c’était quelque chose à voir dans sa vie »
Quand à 13h30, le bateau arrive à Bobigny, au parc de la bergère, Jean-Marc Mormeck, en descend sous les acclamations de la foule, ravie de revoir l’enfant du pays. Le multiple champion du monde de boxe a même pris le temps de papoter avec une nuée d’enfants portant des bonnets phrygiens rouge et bleu. Non loin de là, Catherine, 68 ans, raconte : « Je fais du cyclotourisme, souvent sur la piste du canal. Alors quand j’ai vu que la flamme y passait, je ne voulais pas rater ça ! La prochaine fois, je ne serais plus là… ».
A Romainville, Edwige 75 ans, est désolée de ne pas avoir réussi à faire une vidéo du moment, « heureusement, j’ai des souvenirs plein les yeux, plein la tête. C’est inoubliable. Magique ! » Elle a reconnu la porteuse de la flamme, la réalisatrice Alice Diop, qu’elle avait rencontrée à plusieurs reprises au cinéma le Méliès lorsqu’elle est venue présenter ses films.
A Aubervilliers lors du relais collectif du club Boxing Beats, applaudi chaudement par toute une ville, deux habitant·e·s Ashley et Lionel, se promènent aux 4-Chemins avec un sourire bienveillant et une bonbonne de jus de citron maison pour l’offrir aux passants : « On habite juste au-dessus et on avait envie de passer un bon moment avec nos voisins et avec tous ceux et celles qui passent dans notre rue : les familles, les enfants et de nouvelles personnes qu’on rencontre. »
“Simplement mythique”
A Drancy, la flamme olympique passe par le Mémorial de la Shoah. « Je trouve ça important d’être là quand la flamme olympique est aux portes de chez toi, dans ton pays. C’est toujours simplement mythique, historique » explique Isabelle, 52 ans, qui avait emmené un groupe de jeunes à Athènes 2004 au moment des JO.
Avant que la Flamme olympique ne parte pour le parc Georges-Valbon pour rejoindre le chaudron, Aminata qui habite La Courneuve depuis 30 ans est très fière, « pour la Seine-Saint-Denis, pour le 93, pour moi, c’est une reconnaissance ». A ses côtés, Fatima férue d’histoire vit ce jour comme un jour de fête : « Je suis partie en Grèce, à Olympie. J’ai vu la vasque où est née la flamme olympique. J’espérai voir un jour la vraie flamme et elle passe à la Courneuve. Voir notre ville avec cette joie, cette ferveur populaire…. C’est une ville formidable avec des gens formidables, avec des gens de toutes les couleurs comme les anneaux olympiques. On dit « Vive la Courneuve ! » Une journée qui s’est terminée en apothéose pour les nombreux habitant.e.s réuni.e.s autour du chaudron au Parc des Jeux. Lilian Thuram, Plus tard dans la nuit, 10 000 personnes ont assisté au concert offert par le rappeur Gazo.
Ce 26 juillet, c’est à 9h30 à Saint-Denis sous la pluie que redémarre la flamme olympique. Marie 45 ans est venue avec sa fille Dora-Lise, 20 ans, en voisine : “On habite à la Plaine, juste à côté de la gare. Ma fille travaille pour les J.O. elle joue au rugby ici à Saint-Denis. C’est un plaisir de représenter notre ville à travers le sport“. Après 17 000 kms parcourus, la Flamme olympique passe des mains de la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani, au médecin Gada Hatem, aux rappeurs MC Solar et Snoop Dogg à Laetitia Casta, autour du Stade de France, au village des athlètes, puis à la Basilique Saint-Denis.
Ont contribué à cet article : Berenice Laroche , Marion Guillot, Amira Rouabhi, Isabelle Lopez, Christophe Lehousse , Bastien Charret, Houda Elmir et Romain Canault