Votre structure accompagne les moins de 25 ans vivant dans les quartiers prioritaires de Seine-Saint-Denis. Pourquoi avoir participé à ce programme de professionnalisation dans l’escalade ? 

L’ADN de notre structure nous incite à employer le sport comme un outil d’insertion sociale et professionnelle des jeunes de quartiers de la politique de la ville. Pour ce faire, nous initions entre autres une cinquantaine de banlieusard·e·s à l’alpinisme en organisant régulièrement des expéditions dans le monde entier comme au Kilimandjaro, au sud de l’Himalaya, au Huayna Potosi en Bolivie… Nos animateur·rice·s ont constaté avec satisfaction que nos jeunes, qui viennent pourtant sans compétence, surperforment, en appliquant très bien les consignes. Ils font preuve d’un bel esprit de cordée, en se montrant ultra-solidaires avec de bonnes capacités d’adaptation. C’est peut-être dû à l’esprit du 93 mais ils ont moins peur de tomber ou de se blesser que d’autres, ce qui est un gros avantage dans cette discipline !

Pour ces activités, nous avons tissé des liens avec la FFME, la Ville du Bourget qui va hériter du mur d’escalade des Jeux de Paris… A un moment, on s’est dit qu’avec l’explosion des pratiques d’escalade en Ile-de-France, on pourrait proposer aux jeunes les plus motivés de faire de leur passion un métier, en surfant sur l’héritage des JOP. Par ailleurs, Tony Estanguet, le Président du Comité d’organisation des Jeux Olympiques, que nous avons rencontré en 2019 a été séduit par notre initiative. Nous avons candidaté à un appel à projets Impact 2024 et notre dossier a été retenu, nous permettant de bénéficier d’un fonds de dotation. Ceci nous a permis de lancer le projet, en nouant des partenariats avec France Travail, l’AFPA… tout en travaillant en étroite collaboration avec le Comité d’organisation des Jeux olympiques.

 

 

Concrètement, comment se déroule cet apprentissage ? Que va être leur niveau de diplôme et pour quels débouchés ? 

Les jeunes suivent avec des formateur·rice·s de la FFME un stage d’encadrement de 70 heures suivie par entre autres par des entraînements dans différents espaces en Seine-Saint-Denis comme Climb Up à Aubervilliers (NDLR : la plus grande salle d’Europe), Arkose à Pantin… Il y a aussi des modules sur les notions de pédagogie inhérentes au métier de moniteur·rice·s. Nous les accompagnons également sur le plan administratif, pour la partie écrite de leur Certificat de Qualification Professionnelle Animateur d’escalade sur structure artificielle…

L’escalade connaît un engouement phénoménal depuis plusieurs années, avec deux à trois millions de pratiquant·e·s dans l’Hexagone, l’explosion des salles privées… Une fois leur diplôme en poche, nos “alumni” pourront exercer dans toute la France, sans craindre le chômage. Le salaire d’un professeur d’escalade indépendant est proche de 2000 euros, avec des forfaits atteignant les 250 euros la demi-journée, ce qui est plutôt correct pour des jeunes n’ayant pas fait de longues études. Nous avons déjà un vivier d’employeurs qui souhaitent les recruter et nous espérons que cette formation qualifiante, qui sera renouvelée l’an prochain, pourra être pérennisée.

Les membres de votre association ont-ils participé à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, en particulier à les épreuves d’escalade ? 

Nos adhérent·e·s ont suivi avec beaucoup d’intérêt les compétitions à la télévision et un certain nombre d’entre eux y ont assisté en direct sur le site du Bourget. Par ailleurs, on a eu dans notre structure pas mal de Volontaires des Jeux de Paris, des jeunes en Service Civique qui ont travaillé pour le Comité d’organisation des jeux olympiques, d’autres qui ont été initiés au surf en parallèle de l’épreuve de Tahiti… Au-delà de notre association, les Jeux olympiques ont créé une liesse populaire incroyable dans les quartiers et beaucoup d’habitant·e·s m’ont confié leur fierté que les épreuves se soient déroulées de manière impeccable en Seine-Saint-Denis.
Après les Jeux de Paris, la Ville du Bourget va récupérer deux murs d’escalade “indoor” qui profiteront à la population, aux associations sportives… dès cet automne. C’est dans ce cadre que nous avons fondé le Bourget olympique section escalade (BOSE), un nouveau club d’escalade qui accueillera les amateurs de grimpe de tout âge, valides ou invalides… Et qui sait, peut-être que nos futurs moniteurs “made in 93” viendront y travailler ?

 

Epreuves olympiques de blocs et de difficultés sur le site du Bourget

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Carine Arassus

Crédit-Photo : Association Apart et CNOSF/KMSP