Une journée d’escalade en Seine-Saint-Denis

Depuis la sortie de la gare RER du Bourget, direction le site olympique d’escalade. Drapeaux et maillots de toutes nations, une joyeuse procession bigarrée défile dans la rue Jean-Jaurès. Cette route départementale (RD 30) a été complètement réaménagée à l’occasion des JOP, adaptée aux nouveaux usages et modes de déplacement. Pas de problème pour se rendre sur le site olympique, que ce soit en groupe sur les larges trottoirs ou bien à vélo sur les pistes cyclables !

Il est temps de rentrer, la compétition n’attend pas ! L’accueil des volontaires est chaleureux, sans attente et l’on est surpris par les dimensions des lieux : le mur d’escalade est impressionnant de hauteur, et en dévers complet ! Comment vont-ils grimper ça ?

L’ensemble sportif du Bourget a été complètement rénové par la SOLIDEO à l’occasion des Jeux. Sur les six murs d’escalade utilisés pendant les JO, les trois dédiés à l’entraînement seront ensuite mis à disposition de la Ville du Bourget, ainsi qu’un gymnase flambant neuf. Un bel héritage pour la population de Seine-Saint-Denis ! Quant au trois autres, ceux dédiés à la compétition, ils sont bien trop difficiles, taillés pour départager des champion·ne·s !

Celui qui monte le plus haut

La compétition du jour est l’épreuve dite de difficulté hommes. Tous les concurrents découvrent en même temps un parcours original de 15m de haut, ont quelques minutes pour l’étudier. Puis ils s’élancent tour à tour. Celui qui monte le plus haut, le plus rapidement, gagne. Très facile à comprendre ! Et si on est néophyte et que l’on a une question, il suffit de la poser à son voisin ou sa voisine : la majorité des spectateur·ice·s sont des connaisseur·euse·s, avec cette « cool attitude » propre aux sports de nature. Si tant est que vous parliez le même langage ! Car énormément de pays sont représentés dans les tribunes, sans doute encore plus que dans les rangs des compétiteurs.

La compétition débute et tout le monde encourage tout le monde. L’esprit est décidément bienveillant et quelle que soit sa nationalité, le grimpeur est encouragé par le public. Bien sûr, lorsque c’est au tour des Français Sam Avezou et Paul Jenft, les encouragements sont un peu, beaucoup plus bruyants, mais rien de plus normal, ils sont chez eux ! Mais à chaque fois qu’un grimpeur lâche prise, c’est toujours le même « Oooooohh… » de déception qui parcoure le public. On aimerait tellement les voir toucher le sommet !

A ce jeu, c’est le plus jeune, le Japonais Sorato Ankaru, 17 ans, qui s’en est le mieux sorti et est monté le plus haut. Sans surprise, les têtes d’affiche se sont bien classées. Dans l’ordre, l’Anglais Toby Roberts, le surtitré Adam Ondra (République Tchèque) ou le champion olympique espagnol Alberto Gines Lopes,l’Autrichien Jakob Schubert sans oublier le tricolore Paul Jenft, toujours dans la course pour la finale !

Un spectacle apprécié par tous

A l’issue de la matinée, tout le monde a le sourire, y compris trois résident·e·s du foyer d’accueil médicalisé les Myosotis de Tremblay-en-France. Adeline Mulard, leur enseignante en activité physique adaptée, explique : « Le Département de Seine-Saint-Denis nous a offert des places ! Cela tombe bien, car nos résidents pratiquent régulièrement l’escalade à Tremblay. Ça leur parle ! Ils et elles ont pu assister au rugby à 7, handball, tennis de table… C’est sûr que ça les change de leur quotidien, ils et elles sont ravi·e·s ! »

L’escalade, et si on s’y mettait…

A voir évoluer ces champions, cela donne des envies de chausser chaussons d’escalade et baudrier et s’élancer vers les hauteurs…. Direction Arkose (ex- MurMur) à Pantin, la plus haute salle d’escalade d’Ile-de-France ! Nichée au 55 de la rue Cartier-Bresson, dans un ancien quartier industriel, cette salle fait le plein. « Nous n’avons jamais eu autant de fréquentation un mois d’août, s’exclame Céline Amozeidi, directrice adjointe. Et ça parle, italien, allemand, japonais… Tout ce monde était ce matin au Bourget, et ensuite ils sont venus chez nous ! » Et de m’expliquer qu’elle-même ce matin en 15 minutes de vélo électrique, elle avait comme beaucoup rejoint Arkose depuis le site du Bourget en empruntant la RD 932, rénovée et équipée par le Département d’une piste cyclable à l’occasion des Jeux. Certains athlètes olympiques viennent même s’entraîner à Pantin ! Cet après-midi, les Japonais Sashi Amma, vainqueur des Jeux mondiaux 2009 et Yuji Hirayama s’entraînaient aux blocs (difficultés sans hauteur), tandis que Kilian Fischhuber, coach de l’équipe d’Autriche et médaille d’or du classement général de la coupe du monde en 2005, 2007, 2008, 2009 et 2011, enchaînait des voies de 10m avec une collègue. « J’ai entendu parler de cette salle, elle n’est pas loin et comme cet après-midi nos athlètes sont au repos au village olympique, nous sommes venus nous y entraîner. »

A quelques mètres de ces champions, Arthur, 16 ans, lui vient pour la première fois. Il a vu l’escalade aux JO sur son écran, et vient enfiler des chaussons pour s’essayer à la grimpe.  Il y a de place pour tous et toutes, tous les niveaux !

Du 7 au 10 août, Arkose et son partenaire La Sportiva, équipementier spécialiste des sports de grimpe, ont installé une fan zone et proposent une foule d’activités : challenge de grimpe, ateliers par niveau animés par des grands noms de la discipline, essai de matériel… Et surtout une fan zone, pour regarder les exploits olympiques et soutenir la Française Oriane Bertone, une habituée des lieux : « Oriane, c’est notre chouchou ! s’exclame Céline Amozeidi. Elle est très souvent chez nous, encore hier soir ! On la soutient à fond et on espère une médaille ! »

Georges Makowski