« Je trouve que les Jeux ont été une belle fête, en Seine-Saint-Denis aussi.» Aechat Abdou, 25 ans, fait partie des 81 % d’habitants de la Seine-Saint-Denis fiers d’avoir accueilli les Jeux, selon une étude Harris Interactive réalisée du 8 au 11 août. Cette jeune femme est aussi à compter dans les 2400 habitants de Seine-Saint-Denis, employés en amont des Jeux dans le cadre des clauses sociales du département.

Pour Aechat, c’était sur le chantier de la piscine Annette-Kellermann de Marville, en tant qu’assistante conductrice de travaux. « Pour moi qui habite La Courneuve, c’est une fierté de savoir que des athlètes des Jeux ont pu s’y entraîner. Je ne l’ai pas encore testée moi-même, mais je le ferai dès son ouverture au grand public (en septembre 2024, ndlr) ! », poursuit la jeune femme. Celle qui travaille désormais dans un bureau d’études parisien, qui a notamment installé la fameuse piste violette du Stade de France, estime que son passage, alors en alternance sur le chantier de la piscine de Marville, a sans doute été un atout pour décrocher son emploi actuel.

Quand les fan-zones font le plein

Un atelier VTT au Parc des Jeux

L’exemple d’Aechat reflète aussi l’impact économique positif que les Jeux auront eu sur le département, selon 71% des interrogés. Des clauses sociales, obligeant à réserver 10% des heures de travail à des personnes habitant les quartiers prioritaires de la ville, avaient été signées par Paris 2024 et la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) et ont été respectées.

Parmi les aspects les plus plébiscités par les habitants dans cette étude, on trouve notamment l’ambiance sur et en dehors des sites de compétition en Seine-Saint-Denis. Pas étonnant pour qui s’est rendu un jour dans une des fan-zones du département, qui totalisent 600 000 entrées, dont 300 000 rien que pour le Parc des Jeux, plus grande fan-zone de France installée au cœur du parc de La Courneuve. Ainsi, selon l’enquête, 91 % des habitants de la Seine-Saint-Denis ont jugé ces Jeux Olympiques festifs, tandis que 85 % les ont trouvés populaires.

C’est aussi au Parc des Jeux qu’était installé le food-truck des Cheffes, un restaurant créé en 2021 par Hawa Touré, Léa Letellier et Lauranne Sambar à la Cité maraîchère de Romainville. « Sur l’activité food-truck, ça a bien marché. Le Parc des Jeux étant 100 % gratuit, les gens avaient un peu plus de pouvoir d’achat pour un repas. Sur l’activité restaurant, c’a été plus compliqué, comme pour beaucoup je pense. Très vite, on s’est aperçu que pendant cette période, on avait tout intérêt à fermer le restaurant à partir de 15h30 et à basculer sur le food-truck », raconte Hawa Touré. Posté aux abords du lac du Parc de la Courneuve, le food-truck des Cheffes aura servi entre 100 et 130 repas par jour. L’habitante de Pantin tient aussi à souligner à quel point elle a été ravie par l’image donnée au monde par la Seine-Saint-Denis, « tous ensemble, intergénérationnels, paisibles, mélangés ».

Le food-truck Les Cheffes a servi entre 100 et 130 repas par jour.

Au rang des satisfactions figure aussi une partie de l’héritage que les Jeux laisseront sur le territoire de la Seine-Saint-Denis. 67 % des interrogés estiment ainsi que l’événement aura eu un impact positif sur l’image de la Seine-Saint-Denis en France, et 75 % qu’il aura renouvelé en partie le parc d’équipements sportifs sur le territoire.

« Ces Jeux sont un point de bascule pour la Seine-Saint-Denis, qui se positionne comme le territoire de l’héritage, écrit à ce sujet Stéphane Troussel dans un communiqué. Et le président de la Seine-Saint-Denis de développer : « Les infrastructures telles que les 4000 logements, les 7 piscines, les 11 gymnases et stades construits ou rénovés, ainsi que les 10 000 enfants qui ont appris à nager, sont autant de témoignages concrets de l’héritage matériel et immatériel laissé par ces Jeux. »

De nouveaux équipements sportifs à foison

Une dimension difficilement contestable, même dans des aires géographiques éloignées de l’épicentre des Jeux, comme Sevran. Avec Bagnolet, la ville accueillera ainsi en décembre 2025 un des deux bassins olympiques qui auront accueilli les exploits des nageurs olympiques à Nanterre.

Une action Savoir Nager, supportée par Paris 2024 à Dugny

D’une piscine actuelle de 25m sur 10, datant des années 70, la ville passera ainsi à deux bassins dont un de 50m, soit 10 lignes d’eau supplémentaires. « Pour une ville comme Sevran qui a un bassin trop petit par rapport à ses usagers, l’arrivée d’un bassin olympique est forcément une très bonne nouvelle. Je peux vous dire que ce bassin est attendu. J’ai régulièrement des gens qui se présentent qui pensent déjà le trouver et à qui on doit dire de patienter jusqu’en décembre 2025. », témoigne Vincent Thiedey, chef de bassin pour la ville de Sevran. Il se murmure que la piscine pourrait à cette occasion prendre le nom d’un certain Léon Marchand, quadruple champion olympique. Ailleurs, ce sont des gymnases qui ont été rénovés, La Courneuve et Noisy-le-Sec qui accueilleront la piste de skate des Jeux, ou Bobigny qui hébergera à partir d’août le Prisme, plus grand équipement sportif d’Europe dédié au handisport.

Un bilan global qui amène 57 % de questionnés à pronostiquer un impact positif des Jeux sur le territoire d’ici 10 ans. Si les Jeux ne sont pas une baguette magique, leurs retombées sont donc à évaluer plutôt positivement en termes d’amélioration de l’image de la Seine-Saint-Denis ou d’infrastructures pour le territoire.

Christophe Lehousse

©Nicolas Moulard ©Franck Rondot

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