Tony Estanguet, les yeux dans les Jeux
Depuis 2017, le président du Comité d’organisation de Paris 2024 ne cesse de souligner l’impact que les Jeux auront sur le département en termes d’équipements et d’emploi. “Plus d’une dizaine de milliers de billets ont été acquis par la Seine-Saint-Denis pour les Jeux Olympiques”, confirme-t-il, sûr que les habitants ne passeront pas à côté de ce grand événement. L’ancien triple champion olympique rappelle aussi que “80% des investissements publics, et 75% des infrastructures des Jeux sont fléchés vers la Seine-Saint-Denis.”
Dans un an, les Jeux battront leur plein à Paris et en Seine-Saint-Denis. Quels auront été vos souvenirs forts dans le 93 dans le cadre de la promotion de ces Jeux ?
Je pense bien sûr tout d’abord à cette magnifique journée de juin 2022, où on avait organisé l’édition 2022 de la Journée Olympique en Seine-Saint-Denis. Il faisait beau, les familles étaient au rendez-vous, il y avait plein de championnes et de champions, des démonstrations de breaking, de danse Hip-hop, il y avait du rap… Ce jour-là, le sport venait vraiment à la rencontre des Françaises et des Français, et notamment des Séquano-Dionysiens, pour leur offrir un avant-goût des épreuves et des célébrations. Et tout ça, au pied du mythique Stade de France, à Saint-Denis, au cœur d’un territoire qui sera au cœur des Jeux en 2024. C’était magique, et on a été très heureux d’avoir choisi la Seine-Saint-Denis pour cette journée si spéciale ! Avant cela bien sûr, plusieurs événements ont eu lieu en Seine-Saint-Denis : je pense aux deux premières éditions du programme Savoir-Nager, aux nombreuses rencontres avec les entreprises et acteurs économiques du territoire, à l’inauguration du terrain sportif aux couleurs de Terre de Jeux 2024 à Tremblay-en-France… Tous ces temps forts ont largement contribué à diffuser la dynamique des Jeux en Seine-Saint-Denis.
Prithika Pavade, Koumba Larroque, Allan Morante, Charles-Antoine Kouakou, autant de noms qui peuvent faire briller la Seine-Saint-Denis lors des Jeux. Pourquoi le département est-il à votre sens un si grand vivier d’athlètes ?
La Seine-Saint-Denis est l’un des territoires les plus jeunes de France – le Département le plus jeune de France métropolitaine, il me semble, l’un des plus dynamiques, des plus créatifs, et qui regorge de talents. Ça se voit au niveau du sport, avec la nouvelle génération que vous avez citée, et qui a de belles sources d’inspiration : Sarah Ourahmoune à la boxe, Diandra Tchatchouang au basket, Allison Pineau en handball…. La Seine-Saint-Denis, c’est aussi un département qui accueille de très grands événements sportifs – Coupe du Monde de Rugby 2007 et 2023, Euro 2016, et bien sûr, les Jeux de Paris 2024 sont aussi une source d’inspiration pour les jeunes de Seine-Saint-Denis, en leur donnant envie de devenir à leur tour des championnes et des champions. Enfin je dirais qu’en Seine-Saint-Denis, énormément de personnes se mobilisent au sein des clubs, dans les associations, dans les collectivités, avec une forte culture d’éducation populaire, et que c’est une vraie richesse. La Seine-Saint-Denis, c’est un territoire où on s’engage, et c’est peut-être aussi ça qui fait qu’il y a tant de championnes et champions, passés, présents ou futurs !
Vous avez confirmé au Département un quota d’achat de places pour les Jeux. Pourrait-il y en avoir encore davantage ?
Au Comité d’organisation, on souhaite que l’expérience des Jeux et la possibilité de vivre les moments forts qu’ils suscitent soient accessibles, y compris à celles et ceux qui sont le plus éloignés des grands événements sportifs et culturels. C’est pour ça qu’on a travaillé avec l’Etat et les collectivités locales à un dispositif de billetterie territoriale de grande ampleur. Un million de billets – 500 000 pour les Jeux Olympiques, 500 000 pour les Jeux Paralympiques – sont donc réservés aux collectivités hôtes, dont la Seine-Saint-Denis, qui peuvent les acheter pour leurs propres programmes sociaux et d’engagement autour des Jeux. Et dans ce cadre, plus d’une dizaine de milliers de billets ont été acquis par la Seine-Saint-Denis pour les Jeux Olympiques. Par ailleurs, on continue de travailler avec les services du Département pour ce qui est de l’allocation des billets pour les Jeux Paralympiques, afin d’arriver, ensemble, à un dispositif le plus ambitieux possible.
Quel sera le rôle pour les volontaires des Jeux de Paris 2024, et notamment pour les 9000 issus de Seine-Saint-Denis ?
Pour avoir moi-même vécu de l’intérieur plusieurs Jeux, et avoir été accompagné par des volontaires, je sais à quel point elles et ils sont précieux. C’est vrai pour les athlètes, le public, les officiels, et c’est vrai à tous les niveaux car les volontaires auront des rôles clés à jouer dans tous les secteurs de l’événement. C’est donc à la fois beaucoup de responsabilités mais aussi une vraie chance, car c’est une expérience unique qui marque à vie. Être volontaire, c’est de l’apprentissage : on se forme, on acquiert de l’expérience et des compétences via des formations, des connaissances sur l’organisation et les coulisses d’un évènement sous toutes ses coutures. Être volontaire, enfin, c’est de la transmission et des rencontres : on croise des gens de tous horizons, qui ont des expériences différentes, et c’est très enrichissant, à tel point qu’on veut souvent recommencer. D’ailleurs je me souviens de ce fils dont le père avait été volontaire aux Jeux d’Albertville en 1992, et qui veut à tout prix faire pareil en 2024 ; être volontaire, parfois, ça devient des histoires de famille !
Quel héritage voyez-vous se dessiner pour la Seine-Saint-Denis ? Les retombées en termes de plus grande accessibilité à des installations sportives et en termes d’emploi seront-elles au rendez-vous ?
La Seine-Saint-Denis est une chance pour les Jeux, et les Jeux sont une chance pour la Seine-Saint-Denis. Au Comité d’organisation, dès les prémisses du projet, on a fait le choix d’organiser une grande partie des épreuves en Seine-Saint-Denis, parce qu’on y voyait du sens vis-à-vis de ce territoire en pleine transformation. Avec les Jeux, il y aura d’abord un fort héritage matériel légué à la Seine-Saint-Denis, avec en premier lieu le magnifique Village des Athlètes à Saint-Denis. Cet héritage sera considérable, avec des infrastructures sportives créées ou rénovées (Centre Aquatique Olympique, bassins d’entraînement…), des quartiers de ville réaménagés, près de 4000 logements créés, des équipements neufs (groupes scolaires, passerelles autoroutières…) pour les habitantes et habitants de la Seine-Saint-Denis… Les chiffres sont parlants : 80% des investissements publics, et 75% des infrastructures des Jeux, sont fléchés vers la Seine-Saint-Denis. L’héritage sera aussi économique, avec plus d’une centaine d’entreprises locales mobilisées pour les Jeux – 129 très exactement actuellement – et pour créer de l’emploi sur le territoire.
Et pour les personnes en situation de handicap ?
Nous partageons à Paris 2024 la forte ambition de contribuer à une société plus inclusive, notamment vis-à-vis des personnes en situation de handicap. C’est la première fois que la France organise les Jeux Paralympiques d’été, et on veut que ce soit l’occasion de changer les regards sur le handicap, et de contribuer à faciliter la vie des personnes en situation de handicap. C’est pour cela qu’on soutient plusieurs programmes comme les Clubs handi-accueillants, ou qu’on organise la Semaine Olympique et Paralympique, qui a donné lieu à 136 projets dans des établissements scolaires en Seine-Saint-Denis. Cette année, la SOP a permis de sensibiliser de nombreux jeunes aux enjeux d’inclusion, et on en est fiers. Je sais aussi qu’un projet très important pour la Seine-Saint-Denis, autour du handicap et du sport, est le PRISME, établissement unique en Europe, fondé sur le principe de l’accessibilité universelle, et qui verra le jour à Bobigny en 2024. On est heureux de soutenir ce très beau projet du Département, qui constituera un immense héritage en Seine-Saint-Denis.
Le parcours de la flamme a été dévoilé le 23 juin dernier avec une journée entière de la flamme dans le 93- idem avant les Jeux paralympiques. A quoi va ressembler une journée du Relais de la Flamme en Seine-Saint-Denis ?
Le Relais de la Flamme, c’est bien plus qu’un tour de la France. Le Relais marque le véritable début des Jeux, et à Paris 2024 il marquera aussi le retour des Jeux cent ans après la dernière édition d’été en France. La Flamme, c’est LE symbole des Jeux qui vont à la rencontre des Français, un symbole d’ouverture et de partage. Tout au fil du parcours, qu’on vient de dévoiler au grand public le 23 juin, les habitantes et les habitants pourront ainsi aller à la rencontre de la Flamme et retrouver toutes les festivités, moments de sport et de célébration, organisés partout en France et jusque dans les Outre Mers. En Seine-Saint-Denis, le Relais de la Flamme, ce sera une journée de fête le 25 juillet 2024, la veille de la cérémonie d’ouverture, avec un suspense qui sera à son comble, après plus de deux mois de parcours. Et ça promet d’être aussi beau qu’intense, avec des passages par le parc Georges-Valbon, le Canal de l’Ourcq et le Centre Aquatique Olympique.
Y aura-t-il un dernier temps fort avant-JO lors de l’année 2024, à l’image de la Journée olympique 2022 qui s’était déroulée à Saint-Denis ?
En 2024 l’énergie et l’attente ne vont faire que monter, à l’approche des Jeux. J’ai déjà parlé du Relais de la Flamme, qui y contribuera pour beaucoup, j’ai aussi parlé de la Semaine Olympique et Paralympique, et dont l’édition 2024 devrait être particulièrement belle. On attend une belle mobilisation de la Seine-Saint-Denis pour cette dernière année avant les Jeux ! La Seine-Saint-Denis, en tant que territoire-hôte des Jeux, sera au cœur de cette fébrilité et de ce concentré d’émotions, et je pense notamment à tous les projets qui verront le jour en lien avec l’Olympiade Culturelle. En Seine-Saint-Denis, vous avez la chance d’avoir des acteurs culturels aussi talentueux qu’engagés, et je sais que 2024 sera l’année des grands temps forts de l’Olympiade Culturelle. Défilé de la Beauté du Geste, Fratellini Circus Tour, grand hymne populaire de Sequenza 9-3… On a hâte de découvrir toutes les promesses de votre beau territoire, et de vivre tout cela ensemble !