Demain, l’équipe de France féminine de fleuret, argentée aux derniers Jeux à Tokyo derrière la Russie, visera une médaille d’or. Ses premières fentes dans le cadre prestigieux du Grand Palais, ayant déjà reçu les championnats du monde en 2010, seront suivies, pas à pas, par Anita Blaze.

Pas remplaçante, plutôt «renfort»

Remplaçante déjà à Londres en 2012 mais titulaire à Tokyo en 2021, la Guadeloupéenne d’Aubervilliers (32 ans) sera, pour ses troisièmes et derniers Jeux, une nouvelle fois, remplaçante. Sans aucunement se sentir en marge : «Au même titre que mes coéquipières titulaires, je suis impatiente de vivre cette aventure olympique à la maison. En fait, je ne me sens pas remplaçante, mais, plutôt renfort. De bout en bout, je suis et je serai avec elles, disponibles pour elles, quand elles entrent ou sortent de la piste, lors des échauffements. Quand elles auront besoin de quoi que ce soit, je serai à leur écoute, à leur disposition pour les rassurer et les booster. Pour gagner, nous devons être soudées, et, peut-être, encore plus que mes camarades, très focalisées sur leur match, je dois veiller, alors, à ce lien fort indispensable pour fondre de l’or…».

«Finir en beauté…»

Après une année difficile, et, sa commotion cérébrale lors des derniers championnat d’Europe, oubliée mais encore souvent évoquée, Anita Blaze, agente de la Seine Saint-Denis, veut «finir [s]a carrière sur une bonne note avec cette équipe de nanas incassables ! En arrivant à Aubervilliers, grâce à mon maître d’armes Wassila Redouane, j’ai aussi appris que l’escrime pouvait être un sport d’équipe, être transcendée pour dépasser ses propres limites. Vivre ces Jeux en tant que remplaçante est une aventure incroyable sans compter que je dois me tenir fin prête, donc un peu, aussi, sous pression…».

Jeudi, Anita d’Aubervilliers aura derrière elle, derrière elles, ses proches et collègues du Département : «Nous voulons une médaille et quelque qu’elle soit, elle vaudra bien de l’or…».

Les Incassables d’Anita, «un brin guerrières aussi» comme surlignent ses coéquipières Pauline Ranvier et Ysaora Thibus, ont «quasiment grandi ensemble». Demain, elles voudront signer de la pointe de leur fleuret une belle fin à leur histoire. En y entrant (dans l’histoire !), l’histoire effacera qui était titulaire ou pas. Elle les retiendra toutes !

Prithika Pavade et Audrey Zarif a la Conference de presse de l'equipe de France de tennis de table au Club France de la Villette

Bout-en-train de bout en bout

Remplaçante pour ses premiers Jeux, la pongiste Audrey Zarif (26 ans), originaire de Saint-Denis où elle fit ses débuts à la Raquette, le sera aussi : «J’y ai aussi appris que le ping était un sport collectif donnant des émotions de dingue». Elle veillera surtout «à bien rester concentrée au cas où… Notamment en ne me laissant pas distraire au village».

Comme la fleurettiste, la désormais joueuse de Joué-les-Tours prend son second rôle à bras le corps : «Ah, je ne le minimise absolument pas parce que je fais vraiment partie de l’équipe. J’ai vraiment un rôle à bien tenir en me rendant disponible, à l’écoute, en les rassurant et en les apaisant comme pour des amies, en les échauffant correctement, en les encourageant, en leur servant quelques blagues et surtout une bonne ambiance parce que je suis d’un naturel assez jovial, bout-en-train…».

«Ca peut être fatiguant de toujours dire «oui»…»

Déjà remplaçante aux championnats du monde par équipes (où la France décroche un bronze historique en 2023 !) et aux Jeux Européens, la pongiste connait son second rôle sur le bout des doigts à tenir, finalement, sur 15 jours de compétition : «Etre ainsi à disposition de tout le monde, tout le temps, peut être fatiguant, fatiguant de dire souvent «oui». Mais là, aujourd’hui, franchement, j’ai surtout hâte de les encourager…».

Sophie Greuil