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Athlétisme- Le Stade de France au centre de leurs rêves
A la veille de leurs premières foulées au Stade de France, des pointes de la Seine Saint-Denis rêvent de s’approprier la piste de leur enfance et attendent plus «un public en or» que des médailles…
«Pour l’instant, la médaille, sincèrement, nous n’y pensons pas. Nous ne voulons pas brûler les étapes, tempère Orlann Olière (33 ans), la sprinteuse du CA Montreuil, vice-championne d’Europe en titre sur 4 x 100 mètres. Pour l’instant, nous avons hâte de faire notre entrée dans ce stade ayant bercé, à toutes, pour différentes raisons, notre enfance. Je ne sais pas combien de fois je suis passée devant en en rêvant…combien de fois, je l’ai entendu vibrer en regrettant de ne pas y être…comment de fois, j’ai rêvé y courir un jour, à la maison, sur mes terres, sur ce qui est ma piste, quelque part. Alors là, nous allons siroter…». Tout juste la Montreuilloise avance un espoir «de faire mieux que notre septième place olympique à Tokyo…»
“Hâte de faire connaissance avec ce public des Jeux”
Mère de trois enfants dont des jumeaux de deux ans, cette sage sprinteuse sait l’heure de la médaille «venue seulement en finale, encore plus pour un relais, encore plus sur le 4 x 100, où tout peut arriver en une fraction de dixièmes. La priorité des priorités est de toutes rester concentrées sur le moment présent. Avoir la tête ailleurs une seconde peut faire tomber un témoin et tous nos espoirs avec. A cette heure, de notre premier tour (jeudi 08 août), notre impatience est avant tout de trouver ce public, de faire sa connaissance après l’avoir senti devant notre télévision, hyper puissant derrière tous les Bleus depuis le début des Jeux…».
Malgré son expérience, même si elle mit l’athlétisme entre parenthèses pendant un ras le bol de six ans entre 2011 (l’année où elle fut vice-championne d’Europe senior sur 4 x 100m) et 2017, Orlann Olière n’a jamais couru sur cette piste de Saint-Denis : «Non, jamais couru à la maison ! Alors, je piaffe de rencontrer ma piste, devant mes proches, et, surtout, mon fils de 11 ans».
Portées par un stade qu’elles ont vu grandir
Même si certaines étaient bien jeunettes en 2003, lors que le Stade de France fut l’hôte des championnats du monde d’athlétisme, toutes savent qu’il avait porté les Bleus à leur meilleur niveau : «Moi, je suis née en 1998, l’année où l’équipe de France gagne la coupe du monde de football dans ce stade construit pour l’occasion, raconte Léna Kandissounon, engagée sur le 800 m (1er tour, vendredi 02 août). J’en ai tellement entendu parler. Après, j’ai entendu parler des championnats du monde, bien sûr du meeting que je n’ai jamais fait. Alors là, je suis fin prête, remontée, aussi. Après avoir découvert ce public en or aux Jeux à la télé, nous sommes impatientes de le rencontrer, de le saluer…».
Cette Bretonne, qui a grandi à Aulnay-sous-Bois et fait les belles heures du Dynamic Aulnay Club, est impatiente de fouler, pour sa première participation aux Jeux, les couloirs du stade : «J’y ai couru une seule fois dans ma vie, en cadette sur 400 mètres, au couloir 1 : j’en garde un souvenir génial que je veux revivre. En plus, en championnat, courir sur 800 m est plus tranquille, moins énergivore qu’en meeting très chaotique : moins de monde, donc moins de bousculades. Là, j’aurai presque tout le temps d’apprécier…».
A part être excitée de courir dans les couloirs fréquentés un temps par son idole, l’Américaine Allyson Felix (sept fois championne olympique et quatorze fois championne du monde), Léna Kandissounon (25 ans), quatrième aux championnats d’Europe en juin, avoue «être terriblement excitée de courir devant 80.000 personnes…».
Au SDF, Nawal Meniker aimerait encore passer un cap
Vendredi 02 août, lors des qualifications au saut en hauteur, la Montreuilloise Nawal Meniker (26 ans) vivra ses premières foulées au Stade de France et aussi ses premiers Jeux malgré une médaille d’argent aux Jeux olympiques de la Jeunesse, il y a dix ans : «Recouvert de sa piste violette, je trouve ce stade magnifique, une couleur, à la fois, je trouve apaisante et dynamisante. Franchement, je suis impatiente d’y prendre mes marques, de tester la totale en visant une entrée en finale bien sûr (dimanche 04 août). Le 07 juillet, j’ai battu mon record personnel (1m95) au meeting de Paris. Mais, à cause des Jeux, il n’avait pas lieu au Stade de France. Symboliquement, j’aimerais le rebattre sur ce stade qui ma toujours mis des étoiles dans les yeux…»
Sophie Greuil
©Bruno Lévy
Ils pourraient ramener une médaille pour la Seine-Saint-Denis
Pour sa première participation olympique, la sociétaire du CA Montreuil Alice Finot (33 ans) arrive auréolée du titre de championne d’Europe en titre sur 3000 m steeple, décroché en juin à Rome. Forte déjà de sa cinquième place aux championnats du monde en 2023, cette ancienne cavalière de bon niveau, ne cesse de bien passer les obstacles en montant, à chaque fois, une marche vers les sommets, depuis son titre de vice-championne d’Europe en salle en 2021. En outsider, cette ingénieur.e, originaire du Doubs, courra sa série du steeple dimanche 04 août avant de songer à son grand objectif: un podium, le mardi 06 août. Il faudra pour cela qu’elle rebatte sans doute son propre record de France en 9 min 05′ 01”.
Sur les relais, la meilleure carte des Bleus est clairement le 4x400m. Les vice champions du monde 2023 peuvent nourrir légitimement quelques espoirs, même si l’incertitude autour de Thomas Jordier de retour de blessure, pèse tout de même. Un relais dans lequel s’est glissé le Montreuillois Fabrisio Saidy, qui pourrait éventuellement être aligné sur le 4x400m mixte, nouvelle épreuve apparue à Tokyo 2021.
Intégré au relais 4 x 100 m, le jeune Dylan Vermont va se retrouver catapulté d’un coup dans le très haut niveau. Porté par ses championnats de France exceptionnels, où il a battu ses records personnels sur 100 et 200m (10”15 et 20”54), le sprinter de Saint-Denis Emotion arrive en trombe dans ce relais 4×100 m. Indiscutablement outsiders, les jeunes Bleus sont avant tout là pour prendre de l’expérience. Avec un statut de remplaçant, Harold Achi-Yao (27 ans) du CA Montreuil, aussi, pourrait, sur ses dernières lignes droites remarquables (7ème des derniers championnats de France en 10s 25), briguer un témoin (1er tour, jeudi 08 août ; finale, vendredi 09 août). «Après, en finale, avec ces relais lancés comme des fusées, parfois animés d’un grain de folie ou de revanche, tout est possible», rappelle Romain Barras, ancien décathlonien, directeur de la haute performance de l’équipe de France.
SG et CL