A 19 ans, il y a trois ans, Althéa Laurin créa la surprise en remportant une médaille olympique de bronze à Tokyo : «Alors, dans un même élan, je me suis révélée à moi-même et au grand public. Aujourd’hui, ce bronze me donne envie d’aller chercher l’or. Ce statut de médaillée olympique m’a apporté, là aussi, dans un même élan, de la confiance et de la pression…».

Aujourd’hui, la combattante aborde ses seconds Jeux avec un frais premier titre de championne du monde chez les -73 kg, (catégorie non-olympique).

Althéa Laurin lors des Championnats du Monde 2023 à Bakou, Azerbaidjan

Pour les Jeux, ouvrant leur programme à huit catégories (contre seize aux championnats du monde), si son poids a fondu, son ambition reste intacte : «Même si grâce à ce titre, je pars favorite, la compétition olympique révèle toujours des surprises parce que tout le monde peut saisir sa chance, comme moi, il y a trois ans, d’y performer. Alors, méfiance ! Je l’aborde dans un état d’esprit de warrior, prête à aller à la guerre…».

Ces derniers mois, la championne d’Europe de 2022, maréchal des logis à la Gendarmerie, a remporté trois Open.

PRETE EN CAS DE…BOUM !

Depuis ce bronze japonais, la native de Saint-Denis a renforcé sa panoplie : «Comme d’autres veulent me rattraper, je dois creuser l’écart. Jeune, je misais beaucoup sur mes coups de pied à la tête, moins sur le corps. Aujourd’hui, je suis capable de changer de stratégie, une réelle belle évolution offrant de bien plus sérieuses possibilités…»

Vingt-quatre ans après son entrée au programme olympique à Sydney, le taekwondo, sport national coréen, se fait, petit à petit, sa place dans le milieu des arts martiaux : «Malheureusement, nous sommes encore un peu confidentiels. Heureusement, les Jeux nous mettent en lumière donc, il ne faut pas rater le rdv», rappelle Althéa Laurin. Et, se met à rêver : «En cas de médaille d’or, nous risquons de vivre un boom de licenciés que je serai heureuse d’accompagner notamment auprès des enfants. Depuis mes débuts à l’âge de sept ans à Epinay, ce sport m’a tellement apporté…».

A Paris, l’équipe de France de taekwondo, représentée par quatre athlètes (deux hommes et deux femmes), chacun dans une catégorie, n’a jamais présenté un profil aussi ambitieux : «Une médaille par catégorie est totalement envisageable», résumait, avant le tournoi, Patrick Rosso, ancien judoka devenu leur DTN. A cette heure, seul un bronze est entré dans leur escarcelle sur deux épreuves masculines. Maintenant, aux deux filles de jouer !

Althéa Laurin lors des Championnats du Monde 2023 à Bakou, Azerbaidjan

TOUJOURS UNE MEDAILLE AUX JEUX POUR LES BLEUS !

Depuis Sydney 2000, le taekwondo français a toujours rapporté une médaille. Mais, il attend patiemment son or ! Arrivera-t-il par Althéa Laurin et/ou sa coéquipière d’Asnières, la Nancéenne Magda Wiet-Hénin (-67kg, aujourd’hui), deux combattantes «prêtes à mettre le paquet» ?

Licenciée à Asnières, ayant trois combattants sur quatre sélectionnés pour ces Jeux dont Cyrian Ravet en bronze (-58kg), Althéa Laurin a hâte de participer «à la plus grosse compétition du monde avec du public parce que Tokyo, sans public, fut très frustrant. Pour compenser, à Paris, nous aurons, en plus, notre famille et nos amis. Ca se jouera entre pression et plaisir…».

     Comme toute athlète, engagée en seconde semaine, estomaquée par la liesse soulevée par ces Jeux, Althéa Laurin ne sait pas encore bien sur quel pied danser «entre le plaisir d’évoluer dans un lieu magique comme le Grand Palais et avec un public en folie. Mais, dans le même élan, une nouvelle fois, en ressentir, aussi, la pression. J’espère que le plaisir prendra le dessus…».

Sophie Greuil

Photos : Kim Price / CSM / Sipa / DR