- Paralympique
- Sans eux, pas de Jeux !
Dans l’ombre des champion·ne·s du para-judo
Elle mérite un coup de projecteur. Sophie Moinard-Aounallah, membre du CSM Arts Martiaux d’Epinay-sur-Seine depuis toujours, vit une semaine très particulière : elle est commissaire sportive de para-judo. Elle raconte son quotidien au plus près des champion·ne·s en judogi.
5 heures 30, le réveil de Sophie Moinard-Aounallah sonne. Les journées des commissaires sportif·ve·s de para-judo commencent tôt pendant les Jeux paralympiques Paris 2024 ! « Nous sommes logé·e·s dans le village olympique. Pas avec les athlètes, mais nous les croisons lorsque nous nous déplaçons, c’est très sympa ! Et les bâtiments sont décorés aux couleurs des nations qu’ils hébergent. Au début j’avais pris le bâtiment de la Grande-Bretagne pour celui de la France. Nous avons les mêmes couleurs en fait… » Comme tous les officiels, Sophie Moinard-Aounallah se sert dans le même self que les athlètes, mais mange dans une salle à part, pour éviter trop de contact avec les concurrent·e·s. « La nourriture est franchement bonne, il y en a pour tous les goûts. Ce qui est bizarre, c’est que les desserts sont présentés en premier et qu’on termine par les plats chauds. Régulièrement et comme beaucoup, j’ai les yeux plus gros que le ventre ! »
Un peu de tourisme à Paris
A 7 heures, tout le monde monte dans le bus direction l’Arena du Champs-de-Mars. « Je connais bien Paris, mais c’est vrai que traverser la capitale, se laisser mener en admirant tous ces beaux bâtiments, c’est agréable… Et on est sûr d’arriver à l’heure ! » La première tâche qu’elle a effectuée le mardi avant même la compétition, c’est la vérification des judogis (et non, on ne dit pas kimono ! ndlr). « Il faut inspecter chaque judogi, longueur, largeur des manches, des jambes… Chaque judoka en a au moins deux, un blanc un bleu, mais certains en ont plus. Ça prend du temps ! »
Les pesées se déroulent la veille de chaque épreuve. « Il faut souvent venir chercher les athlètes non ou mal-voyants, les guider. Mais c’est l’occasion d’avoir un contact avec eux. Par exemple, Sandrine Martinet m’avait déjà parlé de sa future adversaire en finale, la Kazhake Akmaral Nauatbek. Elle me disait « Si je peux, je la mange, j’ai faim ! » » Pas question de tolérer un poids supérieur à la catégorie, mais il est possible de s’y reprendre à deux fois, avec une heure de délai. Il faut alors se débrouiller pour perdre les grammes en trop. « L’Américaine Liana Mutia est allée jusqu’à se couper les cheveux pour perdre les ultimes grammes. C’est passé tout juste et elle est médaillée d’argent ! »
En chemise blanche au bord du tatami
Chaque matinée de compétition, Sophie Moinard-Aounallah et ses collègues procèdent à des pesées aléatoires. « Le jour de la compétition, les judokas ne doivent avoir un poids supérieur de 5% à la limite autorisée ». Une ultime vérification pour éviter le « cutting », une technique qui consiste à arriver déshydraté le jour de la pesée, de passer tout juste au poids, puis de boire à nouveau quelques litres et retrouver un poids supérieur, au-delà de la limite autorisée…
Puis les compétitions commencent : « Nous sommes toujours en binôme, pour éviter les erreurs. Soit nous sommes à la table de marquage où nous lançons les points, le temps, les début d’immobilisation, le buzzer… Soit nous sommes au tableau de la fédé internationale, doublé d’une feuille de match remplie à la main. Ou bien nous sommes en repos. Et toutes les 30 minutes, on change ! »
Sportivité et ambiance de folie
Ce qui marque Sophie Moinard-Aounallah, « c’est la sportivité, l’entraide entre les concurrents. Sur le tatami, ils ne se font pas de cadeaux, mais immédiatement après, c’est fini ! Ils se félicitent, ils encouragent les autres… Chez les valides, au Grand Slam de Paris, l’ambiance est plus tendue. Là c’est la fête ! Et le public, quel soutien ! Et lorsque la Française Sandrine Martinet était sur le tatami, le bruit était dingue ! Ça mettait la chair de poule ! » Toutes ces images de fraternité, de courage, de résilience, Sandrine les garde pour les transmettre « aux jeunes du clubs, mais aussi de l’école municipale des sports d’Epinay, où je travaille comme éducatrice sportive. Dans peu de temps d’ailleurs, car lundi matin, je serai au boulot ! »
Georges Makowski