Ce samedi, leur fièvre du soir, aura un degré qu’ils et elles ne sont pas prêt·e·s d’oublier. A partir de 21 heures, en départs étalés, canalisés par vagues, vingt-mille-vingt-quatre participant·e·s s’élanceront dans une énième innovation des organisateurs de Jeux olympiques définitivement pas comme les autres : sur le tracé officiel du marathon masculin (départ, samedi à 8 heures) et féminin (départ, dimanche à 8 heures), des anonymes s’élanceront pour courir, peu importe le chrono, peu importe la place pourvu qu’ils et elles courent les 42,195km de leur vie !

En chœur, avant leur départ du parvis de l’Hôtel de Ville, tous  et toutes ont un rêve commun, le rêve de tout marathonien qui veut se respecter : «Finir…», «Terminer…». Courir de nuit ne leur semble «pas vraiment gênant permettant d’éviter la chaleur…».

Le tracé passera les monuments de Paris en revue puis, fera une boucle sur neuf communes de l’Ile-de-France jusqu’aux grilles du château de Versailles avec, au milieu, deux dénivelés casse-pattes (plus 436 mètres et moins 438 mètres).

HUIT MOIS DE PRÉPARATION, DIX KILOS PERDUS !

Sur la ligne de départ avec le dossard 2037, Stéphane Corbin (59 ans) revient à son premier amour du marathon, dix ans après avoir couru le dernier et vingt ans pile après avoir couru son premier, justement à Paris !

Directeur général adjoint du pôle solidarité, ce Parisien a voulu «sauter sur cette occasion, très symbolique». Même si son record «perso» de 3h32, au marathon de New York en 2006, lui semble de bien loin, même si ses foulées se sont bien aiguisées le long du canal de l’Ourcq, au fil de séances parfois longues de 1h30 le délestant en huit mois de 10 kg tout en le ramenant parfois le soir après le travail à la maison, refaire son «perso» reste un doux rêve : «J’aimerai sfaire moins de 4h30. Après, même si ce marathon me marquera, sans nul doute, je n’y joue pas ma vie. Mais, finir un marathon est toujours une sorte d’exploit. Avec bonheur, j’ai retrouvé ce bon sentiment d’aérobie, courir sans fatiguer, ce qui est déjà un bel objectif réussi après huit mois d’entraînement…».

QUAND LE JAZZ EST LA…

Sur la ligne d’arrivée, Stéphane Corbin sera attendu, au beau milieu de la nuit et d’une tribune, par sa fille Juliette (23 ans). Pour l’occasion, autorisé sur ce 42 bornes de toute une vie, il pourra mettre des écouteurs «et courir avec du jazz : ça me décontracte…».

Pour Pauline Mathieu (32 ans), la meilleure façon de courir sera avec le groupe Abba l’épaulant déjà pour avaler son ordinaire de fractionnés. Depuis quatre mois, cette adepte des semis prépare le tout premier marathon de sa vie. Quand la Montreuilloise ne profite pas de sa pause méridienne, alors encouragée par ses collègues (Jérémie, Julie et Laura, de son service de la Prévention et Actions Sanitaires), pour ajuster ses foulées sur les quais de Bobigny, elle les allonge au bois de Vincennes : «Entre vie privée et professionnelle, cette préparation a été assez intense. Je suis terriblement excitée à l’idée ce marathon sur le tracé olympique en espérant rencontrer aussi la superbe ambiance actuelle enveloppant et portant ces Jeux. Si elle pouvait me pousser, me permettre d’aller au bout. J’en suis sûre, elle sera mon moteur…».

«LEURS COTES VONT NOUS PIQUER LES CUISSES…»

médaille
© Nicolas Moulard

Comme tout participant·e, pour une première ou pas, son objectif premier est de «terminer, encore plus là parce que la médaille, offerte à chaque participant.e, est très belle. Je suis allée les reconnaître ces deux côtes : ça grimpe et ça va compliquer les choses…». Avec le dossard 1745, Pauline Mathieu s’élancera dans la vague de 21h50.

Pourtant adepte des trails de 30 à 35km, triathlons et autres cross-fit, Florence Choquet (45 ans) redoute aussi ces côtes : «Ah, il y en a deux (15ème après le plat du départ et 30ème kilomètre) qui vont piquer nos cuisses…». Même si courir sur le macadam n’est pas «ma tasse de thé», cette ultra sportive a sauté sur l’occasion «de ce challenge en fonçant. Ensuite, j’ai téléchargé bêtement une appli que j’ai paramétré à préparer un marathon…».

Cette responsable du service études et travaux de la Direction de l’Eau et Assainissement s’est appuyée sur sa caisse forgée dans ses trails, a rajouté des bornes bouclées autour de Disneyland, et, parfois, à l’heure de la cantine au parc Decesari à Rosny : «Certes, j’ai un certain fond de jeu grâce à mes entraînements pour le trail. J’aimerai terminer en moins de 5 heures. Là, j’ai hâte de prendre le départ pour du mémorable…».

En attendant son départ à 22h20, «Flo» évitera de se casser le moral sur les deux côtes au menu : «Mais, je reste très concentrée dessus…enfin, surtout sur la seconde, que j’appelle le mur du marathon (la côte des Gardes, 1,3km de montée jusqu’à 10%, une classique faisant la difficulté redoutée de la course Paris-Versailles !). Là, point culminant de la course, où on risque d’être entamé, ça risque de faire très mal…».

Avec son dossard 2355, ses chaussettes fétiches blanches-rouges-noires de sortie à chaque trail, Florence Choquet espère l’effacer sans encombre avant d’apercevoir au loin la flèche scintillante de la Tour Eiffel.

Mais gare, l’arrivée aux Invalides, au cœur de leur nuit, le long des quais rive gauche à remonter, en passant aux pieds de la Grande Dame en tenue de gala, sera encore loin d’être proche…

Sophie Greuil