Assis en ligne avec les autres élèves dans une salle de l’UEEA, Junior sautille de manière répétitive sur un ballon ergonomique.

-« On va travailler sur la roue des émotions… » annonce Caroline Bergé, professeure coordinatrice de l’Unité d’enseignement externalisé à ses élèves. « Bakary, viens nous dire comment tu te sens… ».

-« Je ressens de la joie, j’ai mangé de la mousse au chocolat ce matin, c’était bon… » bégaye l’adolescent, qui réussira plus tard un test de français sur les légumes du potager dans la classe aménagée.

Les neuf adolescents se concentreront pendant une heure sur leur cahier d’exercice, sous le regard bienveillant d’une AESH (accompagnante d’élèves en situation de handicap), une éducatrice et de deux psychologues de l’hôpital Ballanger d’Aulnay-sous-Bois.

Décloisonner l’accompagnement autour de l’autisme

Dès le début de la matinée, l’enseignante Caroline Bergé respecte une routine consistant à faire lire le calendrier du jour aux collégiens, les sujets qui vont être développés en classe, le menu de la cantine… « Les élèves autistes, qui sont particulièrement angoissés par l’inconnu, ont besoin d’avoir un environnement très ritualisé » indique-t-elle. « Je suis aussi amenée à tout séquencer car leur temps d’attention est plutôt court et ils ont besoin d’être stimulés en permanence. Pour cela, nous cherchons avec mes collègues à créer le maximum d’interactions en mobilisant leur sens par les jeux, la musique… ». 

L’UEEA a bénéficié avec la classe ULIS* du collège Le Parc d’une subvention du Département pour financer trois projets pédagogiques liés aux arts et aux Jeux de Paris 2024. « Nous prévoyons entre autres de leur faire découvrir les univers du flamenco, de l’école du cirque de Rosny-sous-Bois, du slam et les faire prendre part à un concert participatif où ils vont chanter des airs de la Flûte enchantée au Théâtre des Champs-Elysées » déclare Célestin Pobel, le professeur de musique associé au projet.

Les professionnel·le·s de l’UEEA les ont également sensibilisés à l’histoire et aux valeurs des Jeux olympiques et paralympiques grâce à une mini-exposition dans les couloirs, des séances sur les champions des JOP… En EPS comme en musique, en sciences ou en arts plastiques, ces élèves peuvent être en inclusion dans des classes ordinaires du collège.

Nahum, Bakary, Ramy… se sont initiés à l’art de la bombe aérosol en peignant une fresque de plus de 20 mètres dans leur cour de récréation avec l’artiste GRAFF75. « On a colorié des gens qui font la course ou le tennis » annonce Nahum, 13 ans. « Il y avait aussi un sportif avec une jambe en fer pour montrer les sports paralympiques ». Comme ses copains, le jeune garçon, qui a été initié aux sports olympiques, a acquis une petite renommée auprès des enfants de l’établissement.

 

Classe autisme Alnay-sous-Bois
Ramy, Mehdi, Junior… ont travaillé leur posture d’élèves et se sont ouverts aux autres depuis leur arrivée à l’UEEA. Certains d’entre eux participent « en autonomie », c’est à dire sans l’accompagnement d’un adulte à de nombreux cours en classe ordinaire.

« Ma collègue Caroline est très expressive et vivace pour faire réagir les collégiens autistes. Dans les couloirs, on l'entend souvent rigoler ou chanter avec ses élèves, avec des expressions théâtrales auxquelles tout l'étage s'est habitué... L'objectif de l'équipe, c'est qu'ils soient heureux et bien inclus dans la vie du collège ».

Margot Loux
professeure documentaliste du collège

Un ratio d’un adulte pour un élève

Ouverte en 2020, l’UEEA accueille une dizaine de garçons de la 6ème à 3ème. Ceux-ci alternent leur scolarité soit en Unité d’enseignement, soit en « inclusion » dans d’autres classes, ou à l’accueil de jour de l’hôpital Ballanger où ils profitent d’ateliers thérapeutiques de jardinage, d’art-thérapie, d’un suivi médico-social… Alors que l’un d’eux ne bénéficiait que d’une assistance à minima en élémentaire, les ados sont accompagnés en permanence par des professionnel·le·s formé·e·s, attentif·ve·s à leur évolution.

« Nous analysons leur comportement afin de créer l’ambiance la plus inclusive possible et venir en remédiation de compétences défaillantes sur le plan cognitif ou social » indique Yuna Vernusse, psychologue rattachée à l’hôpital. « L’objectif de notre accompagnement consiste à favoriser leurs points forts pour créer une réassurance et les pousser à interagir ».

Un point de vue partagé par Gracia, une des deux AESH de l’Unité d’enseignement, heureuse de la bonne relation tissée avec les élèves neurotypiques. « En quelques mois, j’ai vu ces élèves, dont certains sont sous traitement médical, se débarrasser de leurs stéréotypies et agir en bons camarades dans des classes ordinaires ». Au niveau des  apprentissages plus classiques, tout est organisé pour faciliter les connaissances, avec des cahiers d’exercices simplifiés, des pictos visuels aimantés sur les bureaux rappelant les consignes, des paravents pour favoriser la concentration…

Attentif à lutter contre les discriminations, le Département a financé la mise en place et l’équipement de cette classe (incluant un mobilier scolaire adapté, un écran interactif, des ordinateurs portables…). Un petit robot humanoïde portant le doux nom de Néo a par ailleurs été offert à l’équipe pédagogique de l’UEEA dans le but d’aider les ados à combattre leur timidité et améliorer leurs aptitudes sociales.

« Nous soutenons les projets éducatifs favorisant l’inclusion des enfants en situation de handicap avec les enfants valides dans une optique de vivre ensemble (…) et nous nous félicitons de l’augmentation des dispositifs d’accompagnement avec 88 ULIS* présents aujourd’hui dans nos 130 collèges » sourit Saadia Bouy-Sahali, directrice déléguée de l’Education et de la Jeunesse de la collectivité. Une façon de favoriser l’inclusion de ces jeunes dans la Cité et leur permettre, en facilitant leur insertion au lycée ou en Institut médico-éducatif ou professionnel, de se construire un avenir.

 

Fresque de la classe autisme du collège Le parc à Aulnay-sous-Bois
Deux AESH (accompagnantes d’élèves en situation de handicap), une éducatrice et deux psychologues accompagnent au quotidien les élèves pour faciliter leurs apprentissages et créer une réassurance en valorisant leurs efforts.

*Les ULIS (Unités localisées pour l’inclusion scolaire) sont des dispositifs permettant la scolarisation d’élèves en situation de handicap au sein d’établissements scolaires ordinaires.

Crédit-photo : Nicolas Moulard

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Charles-Antoine Kouakou, champion paralympique du 400m aux Jeux de Tokyo 2020 et athlète de Sport Toi Bien 93 a besoin de vos encouragements dans moins d’un an maintenant, à Paris 2024, pour défendre son titre. La billetterie des Jeux paralympiques ouvre le 9 octobre.