- Sans eux, pas de Jeux !
Des JOP anti-gaspillage et solidaires
La Banque alimentaire de Paris Île-de-France (BAPIF) a récupéré les denrées non consommées sur les sites olympiques pour les faire redistribuer aux plus démuni·e·s, et continuera lors des paralympiques. Rencontre avec Nicolas Dubois, responsable de l'entrepôt de Gennevilliers, au coeur de l'initiative.
Paris 2024 a missionné trois associations, dont la vôtre, pour récolter le surplus alimentaire sur ses sites pour les redistribuer aux plus précaires. Comment s’est passée cette opération ?
L’organisation des Jeux aura servi au total plus de 13 millions de repas aux athlètes, officiels, volontaires, spectateurs, médias… depuis le 26 juillet jusqu’au 8 septembre 2024, sur toute la durée des Jeux olympiques et paralympiques.
Une partie de la nourriture provisionnée lors des JO (du 26 juillet au 11 août) n’a pas été consommée et pour éviter le gaspillage, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJO) a noué en amont un partenariat avec le Chaînon manquant, les Restos du coeur et nous-même pour effectuer régulièrement la collecte du surplus.
Nous nous sommes répartis les sites olympiques et nous avons “hérité” entre autres d’excédents alimentaires du Village olympique et du Stade de France à Saint-Denis. Concrètement, nos partenaires comptabilisaient sur une plateforme web les quantités de nourriture à récupérer et nos bénévoles se sont déplacés avec l’un de nos trois camions frigorifiques pour les stocker dans nos deux entrepôts de Gennevilliers ou d’Arcueil.
On a dû effectuer des démarches pour obtenir des accréditations au Village olympique et collaborer avec la “cantine” des athlètes, qui proposait des plats du monde entier, parfois épicés, pour satisfaire les sportifs de toute la planète. Idem sur le site d’escalade du Bourget ou au Stade de France où l’on a eu beaucoup de salades composées et de sandwichs. Au total, nos collaborateurs ont récupéré 40 tonnes d’aliments : des fruits, des légumes, des wraps, des viennoiseries, du porridge, de grandes quantités de houmous… L’accueil a toujours été positif et nombre de volontaires des JOP nous ont donné un coup de main.
Avec 550 épreuves organisées parfois tardivement sur les 17 jours de compétitions des JO, une organisation millimétrée, des partenaires multiples, ce n’était pas trop compliqué à gérer ?
Nous avons mobilisé une dizaine de bénévoles, deux permanents, avec des rotations régulières de nos équipes pour respecter la réglementation, tout en prenant en compte les horaires des compétitions, les vacances de nos adhérents… Cette opération un peu spéciale a fait l’objet d’une gestion raisonnable des ressources humaines. Je voudrais toutefois saluer le dévouement de nos collaborateurs, qui se sont quelquefois présentés sur un site à 23 heures et ont terminé leur mission très tard dans la nuit.
Certains de nos bénévoles nous ont confié leur satisfaction de participer aux JOP de cette manière, de rencontrer des membres de l’organisation de Paris 2024, découvrir l’intérieur du Village des athlètes…
Une fois le stockage effectué dans notre entrepôt, il nous a fallu être très attentifs aux Dates limites de consommation (DLC) et gérer la redistribution de marchandises dans des délais assez courts avec les 150 associations humanitaires qui se déplaçaient régulièrement dans nos locaux à Gennevilliers. Nombre d’entre elles n’étaient pas forcément opérationnelles en août mais nous avons réussi à mobiliser de nombreuses structures, en fonctionnant souvent en flux tendus pour les produits frais, souvent bios, issus entre autres des repas réservés aux sportifs.
Des ONG de Seine-Saint-Denis faisaient-elles partie de vos partenaires ?
Entre 30 et 40% de ces structures sont localisées en Seine-Saint-Denis comme les associations humanitaires Speranza située au Blanc-Mesnil, la Marmite à Bondy, Epicea à Aubervilliers, les antennes du Secours populaire qui approvisionnent leur épiceries solidaires, Ikambere à Saint-Denis, le Samu social… Les denrées récoltées étaient consommées par les familles en difficulté ou dans certains cas des personnes en grande précarité lors des maraudes sociales ou des interventions des structures de lutte contre le sans-abrisme.
Nous espérons faire également le plein pour les plus démuni·e·s, du 28 août au 8 septembre, lors des Jeux paralympiques, qui seront une fête et un bel hommage aux para-athlètes du monde entier.
Carine Arassus
Crédit-photo : Eric Garault, Sylvain Hitau et la Banque alimentaire