« La notion d’héritage est au cœur des Jeux olympiques et paralympiques », introduit Pierre-Olaf Schut, professeur de l’Université Gustave-Eiffel et responsable de de l’Observatoire de recherche sur les méga-événements. « Le CIO met l’héritage en avant, car il tient à ce que les JOP demeurent attractifs pour les villes hôtes. Mais cette notion est très vaste. Elle comprend le bâti, l’éducation, la santé, l’insertion, l’égalité, le sport, l’environnement… L’héritage est donc difficilement définissable dans son ensemble. S’il est compréhensible que l’Etat en ait rapidement une version économique, chiffrable, du bon usage de l’argent public, les transformations sociales, elles, ne peuvent s’observer que sur du long terme. »

colloque enjeux des jeux MSH

A la demande du Département, les chercheur·euse·s Dominique Charrier et Charlotte Parmentier, ont étudié les enjeux méthodologiques pour évaluer les effets sociaux des Jeux en Seine-Saint-Denis. Un travail complexe comme l’explique Dominique Charrier : « La première difficulté est de définir l’impact social des événements sportifs de grande ampleur. Son périmètre comprend plusieurs domaines : cohésion sociale et citoyenneté, éducation et capacitation, développement des pratiques sportives et de la culture sportive, structuration des organisations, valorisation des territoires, création de passerelles. » Pour étudier l’ensemble de ces champs concernant les JOP 2024, plusieurs années seraient nécessaires.

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Pour répondre plus rapidement à la demande d’évaluation du Département, les chercheur·euse·s sont parvenu·e·s à établir une étude, De la « promesse olympique » à la réalité des impact sociaux. Charlotte Parmentier explique : « Son ambition est d’analyser la portée sociale des programmes et des initiatives selon trois angles : les dynamiques sociales induites localement par les JOP, l’effet mémoire pour identifier les traces mémorielles, la caisse de résonance. » Un long travail comprenant l’analyse des projets et bilan des initiatives, le recensement des dispositifs et actions portées par le Département, les collectivités locales, les organisations sportives ou non sportives, mais aussi deux questionnaires. L’un sera mené en juin auprès des collégiens, l’autre auprès de la population en septembre après les JOP.

La question de l’impact social est encore plus difficilement vérifiable concernant l’Olympiade culturelle. Beatriz Garcia, docteure en sciences de communication, chercheuse à l’Université de Liverpool, est spécialiste des différentes olympiades culturelles : « Chacune d’entre elles est différente. Que ce soit à Rio, Séoul ou Londres, chaque olympiade culturelle correspond à un contexte social, politique, économique particulier. Il est donc difficile de créer un modèle de schéma comparatif. » Et comment évaluer l’émotion collective provoquée par un spectacle, ou bien l’éveil d’un jeune de 15 ans qui, après avoir été spectateur, décide de s’orienter vers un métier artistique ? « C’est possible, mais il faut pour cela changer de focale et étudier un groupe plus restreint, représentatif. Les Olympiades culturelles ont toujours cette capacité unique de faire se rapprocher des mondes éloignés, populations défavorisées et culture, culture et sport, tout comme elles peuvent transgresser les frontières et rapprocher par le biais d’un projet artistique, des bénévoles de Seine-Saint-Denis avec des habitants des Philippines ! »

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Crédits photo : Jean-Louis Bellurget