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Lutte féminine : Koumba Larroque, c’est du solide
Championne d’Europe, vice-championne du monde… la lutteuse des Diables Rouges de Bagnolet est bardée de titres. Mais après une première participation aux Jeux de Tokyo 2021 en demi-teinte, elle veut maintenant gravir l’Everest : remporter les Jeux à domicile. Elle aura pour cela tout un club derrière elle.
Résiliente. Le mot va comme un gant à Koumba Larroque. Annoncée depuis 2017 comme la pépite tricolore de la lutte libre féminine, l’athlète a non seulement fait honneur à ce statut, mais elle a aussi su rebondir après un premier creux dans sa carrière.
Octobre 2018. Sa médaille d’argent remportée en finale des Mondiaux face à l’Ukrainienne Cherkasova vient lui apporter le titre le plus prestigieux de sa carrière (avec celui de championne d’Europe en 2021) mais sonne aussi paradoxalement un premier contrecoup dans son ascension.
Gravement blessée au genou droit lors de cette finale, l’athlète du Club Bagnolet Lutte 93 mettra en effet de longs mois à revenir. Fragilisée par une fissure du ménisque, la jeune femme doit en passer par deux opérations dont elle a du mal à récupérer. A tel point que sa première participation olympique, à Tokyo en 2021 (sortie au 1er tour), vire à la déception.
Pas grave, Koumba sait réagir, et l’a fait depuis. Deux médailles de bronze aux Mondiaux 2022 et 2023, et un ticket composté en septembre dernier pour les Jeux de Paris 2024, ceux dont elle rêve depuis toujours.
« J’y vais pour gagner. Disputer les Jeux à la maison, c’est forcément un grand moment, et c’est bien que la Seine-Saint-Denis soit au coeur de cette édition 2024 », commentait-elle déjà en 2017, alors qu’elle intégrait Génération Jeux, un dispositif de soutien aux athlètes de Seine-Saint-Denis susceptibles de participer à l’événement.
Etre la première championne olympique en France
L’emporter dans sa catégorie des -68 kg relèverait de l’exploit. Jamais encore la France n’a eu de championne olympique en lutte : seules Anna Gomis et Lise Legrand (à Athènes 2004) ont touché des breloques olympiques, en bronze toutes les deux.
Chez les Diables Rouges de Bagnolet, où on compte déjà un champion du monde en la personne de Mélonin Noumonvi (à Tachkent en 2014) mais pas de champion olympique, on reste persuadé qu’elle peut le faire.
« Koumba est une lutteuse hors catégorie, assure Didier Duceux, président du Bagnolet Lutte 93. Je ne lui vois qu’un seul point faible, c’est de savoir gérer la pression. A mes yeux, si elle est en confiance, ce sera minimum la médaille, et même le Graal. Je lui souhaite de tout coeur. »
Et même si l’athlète, native d’Arpajon (Essonne), s’entraîne le plus souvent à l’INSEP aux côtés de son entraîneur de toujours, Nodar Bokhashvili, elle prend aussi le temps de se rendre parfois aux entraînements du club, au parc des sports de la Briqueterie à Bagnolet.
La lutte, Koumba Larroque y est venue naturellement, par mimétisme en quelque sorte. « Je m’y suis mise parce qu’avec ma mère, on allait chercher mes deux grands frères après l’entraînement. Mon jeune frère et ma jeune sœur s’y sont collés aussi après moi, mais entre temps, tout le monde a arrêté, sauf moi », glisse-t-elle en rigolant.
A 25 ans, la guerrière est désormais en pleine possession de ses moyens. Sa qualification précoce pour les Jeux lui a permis d’enchaîner les stages, notamment aux Etats-Unis et auprès des nations asiatiques. Et quoi que lui réserve la glorieuse incertitude du sport, on peut en tout cas être sûr que tous les Diables rouges de Bagnolet seront là pour la porter.
Christophe Lehousse