Au téléphone, elle semble détendue, avec le ton du travail bien fait. Et pour cause : quelques jours auparavant, Marion Borras a validé avec ses copines de l’équipe de France de poursuite son billet pour Paris 2024.

Début août, la coureuse de St Michel Auber sera donc sur le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines avec une idée fixe en tête : la médaille – et pourquoi pas mieux – lors de ces Jeux olympiques à domicile.

Petit topo sur la poursuite par équipes pour ceux qui ne seraient pas versés dans la chose : une équipe de 4 solides rouleuses s’oppose à une autre équipe de mousquetaires, fin des débats lorsque l’une des deux formations a rattrapé l’autre ou que 4 km ont été parcourus par l’une des deux. Un chef d’œuvre de haute précision, de l’horlogerie, l’acide lactique dans les cuisses en plus…

« J’ai commencé le vélo à 7 ans à l’UC Pontcharra, près de Grenoble, ma région natale, et la piste peu de temps après. Au départ, je voulais faire de l’athlé mais il n’y avait plus de places. Alors, sur le forum des assos où on était, on s’est tourné vers le stand voisin du vélo et très vite, j’ai oublié l’athlé… », raconte celle qui a le goût de l’effort prolongé.

Avec Victoire Berteau, Clara Copponi, Valentine Fortin et Marie Le Net, ses partenaires au sein de l’équipe de France, elles se connaissent par cœur. « On est ensemble depuis 2014-2015 au pôle France de Bourges et on a le même entraîneur depuis plusieurs années, Samuel Monnerais. Donc là on veut vraiment performer sur nos Jeux à la maison », explique encore Marion Borras.

Les références en tout cas sont excellentes : après une 7e place à Tokyo 2021 où cette équipe très jeune avait découvert les Jeux avec enthousiasme, deux médailles de bronze aux Mondiaux sont venues garnir leur palmarès. Marion Borras, en gloutonne, postule aussi pour Paris 2024 à une place dans l’Américaine, une autre épreuve sur piste où elle est devenue championne d’Europe en janvier avec sa complice Valentine Fortin.

Auber 93, « une équipe joviale »

Pour son Graal, Marion Borras a choisi de mettre toutes les chances de son côté. D’où aussi sa signature chez Auber93 il y a 2 ans, pour ajouter à son arc la corde « professionnelle sur route ». « De toutes les équipes Continentale Pro qu’il y avait alors, c’est Auber qui me faisait le plus envie : c’est une équipe très joviale, où il règne à la fois une bonne ambiance et une bonne organisation », estime celle dont les routes d’entraînement se situent en revanche plus du côté d’Orléans, où elle habite. « J’y mène des études de kiné. Avec ma carrière sur piste et sur route, ça me fait des bonnes journées », lâche-t-elle.

Sous le maillot orange d’Auber, Marion reste connue pour un fait d’armes majeur, réalisé sur le Paris-Roubaix 2023. Là, pour sa première course World Tour (le plus haut niveau international), elle avait terminé 5e, se permettant même d’attaquer sur le vélodrome de Roubaix avant de s’incliner face à la Canadienne Alison Jackson. « Il m’arrive de me dire que j’aurais pu faire un podium. Mais en général, ce regret ne dure pas car je sais que physiquement, mes rivales étaient plus fortes. J’ai couru avec l’instinct du moment. », se souvient cette fine tacticienne, qui sent généralement bien les coups.

L’évolution positive du cyclisme féminin, enfin mis plus en lumière depuis quelques années après un très long moment dans l’ombre ? « Evidemment c’est positif, même si en termes de salaires on est encore très loin des hommes », explique celle qui apprécie de se voir mise en valeur par St-Michel Auber qui depuis 2022 a donc fait le saut chez les professionnelles avec son équipe féminine.

Tic tac, tic tac, le chronomètre défile depuis Félicia Ballanger, dernière championne olympique française sur piste, à Sydney 2000. On mettrait bien une pièce sur Marion Borras et l’équipe de poursuite féminine pour au moins lui succéder sur le podium.

Christophe Lehousse

Photos: ©Auguste Devaire