Etes-vous pressé de chanter dans le cadre de ce week-end Sénégal?

Oui clairement ! C’est avec beaucoup d’enthousiasme que mon orchestre et moi préparons cette performance. Pendant ce week-end, nous porterons haut les couleurs nationales par le biais de notre identité musicale.

Le 25, c’est Lilian Thuram, ex-footballeur mais aussi figure de l’anti-racisme qui a allumé la flamme dans le parc Georges Valbon. C’est un beau symbole selon vous?

Je respecte Thuram pour le sportif de haut niveau qu’il a été, mais aussi pour son dévouement et son fort engagement liés à cette cause ; qui est malheureusement toujours d’actualité. Une pensée à tous ceux qui ont eu à vivre cet acte aberrant au moins une fois dans leur vie. Voir Lilian Thuram allumer la flamme est un beau symbole qui témoigne de l’unicité des peuples, comme le montrent si bien les 5 anneaux entrelacés des JO.

Dans vos chansons, vous traitez d’exil, d’environnement. Ces thèmes ne sont pas encore assez présents dans les consciences?

Pas d’exil pour être précis, mais plutôt d’immigration. C’est un thème présent dans les consciences mais pas assez. Comme on dit, le rappel profite aux croyants. Les immigrés (thème traité dans mon récent album international « I wanna be free ») font face parfois à des contraintes et des difficultés qu’ignorent leurs familles laissées derrière eux. Actuellement au Sénégal, il y a une recrudescence de l’émigration, et malheureusement ce sont les jeunes de notre pays qui la pratiquent. Or le Sénégal ne compte que sur sa jeunesse. Je continuerai encore cette sensibilisation tant que j’aurai ma voix pour chanter. Un autre thème qui me tient à cœur, c’est l’environnement, notamment avec le réchauffement climatique, et toutes ses conséquences sur nos vies. Comme évoqué dans la chanson, l’Homme doit être le gardien de la nature, et non son propriétaire pour en faire ce qu’il veut. L’heure est à la sensibilisation. Nous devons être éco-responsables.

Vous vous êtes fait une spécialité du mbalax. Vous aimez mêler rythmes traditionnels et modernes?

Peut-être que le mbalax reste une identité pour moi, pour le Sénégalais que je suis. En revanche, je ne veux pas en faire une spécialité. Mon but est de varier les styles musicaux en mettant l’accent sur le tradi-moderne avec beaucoup de créativité. On n’oublie jamais ses origines.

Votre père, Thione Seck, était déjà musicien, mais vous avez aussi appris aux côtés de Youssou Ndour. Qu’avez-vous puisé chez lui?

La musique de Youssou Ndour en a bercé plus d’un. Elle a beaucoup influencé la vie des Sénégalais. J’ai puisé de Youssou sa détermination et sa créativité. Au début de ma carrière, je m’en rappelle encore, ses conseils étaient d’être tenace, à toute épreuve, de rester focus sur ma carrière et d’anticiper afin d’avoir une longueur d’avance et me démarquer. J’en ai fait un sacerdoce.

Quel sport allez-vous particulièrement suivre dans ces JO? Vous aviez commencé une carrière de footballeur je crois…

Alors pour moi ce sera le football pour avoir été effectivement un footballeur pro en Europe (en 2e division italienne, ndlr), mais également l’athlétisme. L’athlétisme parce que cette discipline me fascine tout particulièrement et me définit au mieux. De façon caricaturale, c’est exactement du Wally Seck sur scène (rires).

En 2026, Dakar va accueillir les Jeux olympiques de la jeunesse. Après la Coupe du monde de foot en Afrique du Sud, c’est un 2e événement mondial sur le sol africain. Il était temps ?

On s’en rappelle tous. En 2010 tous les Africains étaient animés d’une grande fierté et d’un fort sentiment d’appartenance. C’était la hype partout en Afrique ; « This time for Africa », pour reprendre la chanteuse Shakira avec son célèbre tube de coupe du monde. Aujourd’hui j’ai envie de dir « This time for Senegal ». Donc oui, il était temps. C’est le premier événement olympique à se tenir chez nous. Nous le célébrerons avec notre légendaire « Teranga » sénégalaise (art de l’accueil). Les Jeux olympiques de la jeunesse se dérouleront à Dakar certes, mais c’est toute l’Afrique qui reçoit. Et le slogan officiel de cette compétition le montre clairement : « L’Afrique accueille, Dakar célèbre”.

Propos recueillis par Christophe Lehousse