C’est tout naturellement qu’elle a accepté de devenir marraine de l’association Hand’Joy, fondée par la gardienne du Noisy-le-Grand Handball Amina Tounkara.

Pourquoi avez-vous accepté de devenir marraine de Hand’Joy ?

Parce que le projet d’Amina me parle énormément. C’est tout ce que j’ai envie de faire avancer par le sport. Je me retrouve dans ces jeunes filles. Elles sont ce que j’ai été et que je suis encore quelque part.

Pourquoi avoir axé le projet sur des jeunes filles des quartiers populaires ?

Parce qu’il continue d’y avoir des freins les concernant. On a longtemps été stigmatisées en tant qu’ados de banlieue et même en tant que femme, on te met aussi des barrières, pas seulement dans le sport, mais dans plein de domaines sociétaux. Le but de Hand’Joy et du programme Championnes que je soutiens, c’est justement de leur dire : « ne vous interdisez rien, soyez curieuses et ayez confiance en vous ».

Vous parlez de barrières, parfois mises par l’entourage. Ça a été votre cas ?

Pas du tout. J’ai la chance d’avoir toujours été soutenue dans mes envies par mes proches. Mais j’ai vu des filles à qui on a interdit de faire du sport. Je me souviens par exemple d’une fille à Villepinte qui faisait du hand dans l’AS du collège. Comme elle était bonne, on a essayé de la faire venir en club, mais son entourage ne l’a pas laissée. Tant que c’était dans le cadre de l’école, on va dire que sa famille acceptait sa pratique du hand, mais pas davantage. Le message derrière, c’était un peu : « le sport, c’est pas pour les femmes. »

Pour vous, qui avez commencé à jouer au hand à Villepinte, soutenir Hand’Joy, c’est une manière de rendre à la Seine-Saint-Denis ce qu’elle vous a donné ?

Oui et non. C’est juste naturel en fait… Je me suis toujours considérée comme un pur produit du 93. Je suis arrivée à Villepinte à 6 ans, j’y ai fait toute ma scolarité, ma mère vit encore en Seine-Saint-Denis. Je suis fière d’être du 93, c’est quelque chose qui est en moi, dans mes veines. Alors, si je peux aider à mon tour, c’est avec plaisir.

Ça veut dire quoi pour vous, « pur produit du 93 »?

En fait je me suis rendue compte à quel point le 93 était une richesse quand je l’ai quitté, d’abord pour mon sport-études puis pour le centre de formation de Metz. Une richesse d’abord en termes de mixité : j’ai grandi avec des gens de toutes origines, française, arabe, africaine, antillaise, indienne… Je pensais que la France, c’était comme ça de manière générale ! En termes de solidarité, ça amène à développer de vraies valeurs. Et en termes de mentalité, venir du 93 à mon époque, ça vous forgeait aussi. Tu devais te battre face à cette fausse image que les gens te collaient. Ajoutez à ça le fait que je suis Noire, c’est sûr qu’on a eu à se battre toute notre vie. Du coup, pour moi, ce n’est pas un hasard si autant de sportifs français de haut niveau sont originaires du 93 ou de banlieue en général : ça vous forge une mentalité de battant.

Déjà sacrée championne olympique à Tokyo, vous voulez maintenant faire le doublé devant vos proches à Paris. Craignez-vous la Norvège, qui vous a battu en finale lors du dernier championnat du monde ?

Non, on ne craint personne. Mais à l’inverse, il n’y a pas non plus de revanche à prendre, ce serait à mon avis une erreur de prendre les choses ainsi. On est championnes olympiques en titre et la mission c’est plutôt garder la coupe à la maison.

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