En adoptant une Charte sociale pour la première fois de son histoire, les Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 ont inscrit le plus grand événement sportif du monde dans une démarche responsable, durable et inclusive.

« Tout ça est une première. Tout ça n’avait jamais entrepris par quiconque sur le plan syndical, patronal dans quelques pays que ce soit. Donc on a innové. Il faut aussi apprécier le résultat de cette innovation. » explique Bernard Thibault, ex-dirigeant de la CGT, actuel co-président du Comité de suivi de la Charte sociale de Paris 2024 conjointement à Dominique Carlac’h la représentante du Medef.

A la tribune, ce mercredi soir, à la Bourse du travail de Bobigny, sont aussi présents Tony Estanguet, Président de Paris 2024, Stéphane Troussel président de la Seine-Saint-Denis, et Michel Cadot, Délégué interministériel aux Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 qui représente l’État. Tous et toute soudé.e.s autour d’un objectif : laisser un héritage social fort.

Stéphane Troussel rappelle sa « fierté d’avoir participé à l’aventure, fierté des résultats, fierté de nous être donné ces objectifs-là, fierté pour le territoire de la Seine-Saint-Denis. Je trouve qu’on a tous et toutes grandi grâce à ce projet extraordinaire. Compte-tenu de ce que j’ai fait à l’occasion de Paris 2024, je me sens aujourd’hui beaucoup plus fort, y compris pour porter et défendre la Seine-Saint-Denis. »

Tony Estanguet souligne, quant à lui, l’importance du : « nombre d’acteurs impliqués pour que cela puisse marcher » et les doutes qui planaient sur cette entreprise historique qui n’avait jamais été tentée. « Certain·e·s ne s’attendaient pas à ce qu’on arrive à aligner les planètes entre des acteurs publics, syndicaux, patronaux, comité d’organisation, des grandes entreprises, des petites entreprises. Encore une fois, ce n’est pas parfait mais pour l’instant, on n’a pas à rougir de tout ce qui a été fait parce que cela a permis quand même d’avancer sur un certain nombre de sujets. Bravo à tou·te·s celles et ceux qui ont mis du leur pour accepter quelque part de trouver des solutions collectives. Tout le monde a défendu sa paroisse, mais tout le monde a accepté aussi les contraintes de l’autre pour qu’on puisse avancer ».

Nicolas Garier, le réalisateur, qui a interrogé pendant 18 mois l’ensemble des partenaires tout du long du processus, retient de cette méthode Paris 2024 : « des principes normatifs très forts : des préfets qui savent dire la loi et la rappeler, des partenaires sociaux qui veillent au grain, un COJOP qui aurait pu être embarqué dans une grande aventure, très habile à l’américaine et qui a conscience qu’il faut un héritage qui ne soit pas que sportif. (…) Le fait de mettre des intermédiaires, des chef·fe·s d’entreprise, des élu·e·s, des grands corps d’État, des associations autour d’un même objet et de constater qu’ils y arrivent, oui, ça donne de l’espoir. »

 

Une charte sociale dépassée !

En octobre 2023, l’objectif de 10 % d’heures travaillées devant bénéficier à l’insertion professionnelle des personnes durablement éloignées de l’emploi était atteint. Même si les Jeux Olympiques de Paris 2024 n’ont pas encore démarré, le bilan social, lui, est déjà largement positif. D’autant que des PME (Petites et moyennes entreprises) et des entreprises de l’ESS (économie sociale et solidaire), pour une grande partie, installées en Seine-Saint-Denis ont pu avoir accès aux marchés des Jeux Olympiques. Et que des garde-fous (ndlr un comité de suivi paritaire patronat/syndicat) mis en place pour que les conditions de travail des salarié·e·s soient respectées ont permis de diviser par 4 le nombre d’accidents du travail.

Bernard Thibault ajoute à ce sujet : « Le chiffre de 4 fois moins d’accidents n’est pas un chiffre qui sort du chapeau. Il est vérifié statistiquement et personne d’ailleurs ne l’a contesté et il est particulièrement spectaculaire. C’est le résultat de plusieurs dispositions (…) Il y a eu, chaque jour, en moyenne un inspecteur du travail sur un chantier JO. C’est un taux de présence des inspecteurs du travail bien supérieur au taux de contrôle habituel des entreprises BTP ou pas BTP. Tout ouvrier qui rentrait sur un chantier JO avait quelques heures de formation sur la sécurité du travail sur le lieu où il allait travailler, avant même de commencer à travailler. C’est quelque chose qui ne se pratique nulle part ailleurs ! »

Quand les uns veulent dupliquer cette Charte sociale sur d’autres grands événements sportifs ou culturels, les autres rêvent de la voir s’appliquer dès maintenant dans le secteur du bâtiment.

photos : Sylvain Hitault

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